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YANNICK VERNINI

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Étienne Chatiliez – “Tanguy est un psychopathe !”

Étienne Chatiliez – “Tanguy est un psychopathe !”

Il est venu à l’UGC Ciné-Cité pour présenter, en avant-première, le très attendu « Tanguy, le Retour ». Entretien avec un Etienne Chatiliez en grande forme.

Quelle a été la réaction des comédiens lorsque vous leur avez annoncé votre intention de faire la suite de « Tanguy » ?

André Dussollier était dans la boucle depuis le début. C’était une envie de producteurs, que je ne connaissais pas, qui m’ont appelé par l’intermédiaire d’André. Ils avaient envie de revoir les personnages de « Tanguy ». André a appelé Sabine (Azéma) et moi, Eric (Berger), tout le monde était partant. Je leur ai rapidement raconté l’histoire puis je leur ai donné le scénario. Du coup, ils étaient impliqués depuis le début.

Aviez-vous cette suite en tête depuis longtemps ?

Non, pas du tout. Je n’y avais jamais pensé. C’est Jérôme Corcos et Antoine Pezet qui m’ont appelé en me disant qu’ils aimeraient bien revoir le personnage. En même temps, c’est très casse-gueule. J’ai réfléchi puis j’ai vite trouvé une histoire et on s’est mis au travail avec Laurent Chouchan, le scénariste.

Tanguy a, finalement, grandi… Et pour ceux qui n’auraient pas vu le premier volet, on comprend ce qui s’est passé. Était-ce une volonté de votre part ?

Oui, j’ai cette impression mais on n’y a pas pensé en l’écrivant. Si on ne l’a pas vu, on connaît le thème. Un enfant restant très longtemps chez ses parents. C’est devenu un terme générique des jeunes qui restent tard chez leurs parents. Et on sait que Tanguy est une tête à claques et un enfoiré, sans avoir vu le premier !

Une tête à claques vivant son premier chagrin d’amour, papa d’une fille, Zhu qui est, finalement, la plus adulte des deux !

Tout à fait, on est dans la continuité de la fin du premier, où il a réussi à faire en Chine ce qu’il n’était pas arrivé à faire en France : marié, sa femme était enceinte et ils vivaient dans la famille de sa femme avec parents et grands-parents.

Avez-vous conscience d’avoir fait d’un prénom un nom commun ?

Oui mais c’est un peu une confusion, en fait. Si les jeunes restent chez leurs parents, c’est par manque de moyens, la raison est avant tout économique. Or, Tanguy n’a aucun problème d’argent. C’est vraiment une pathologie qui lui est propre. Tanguy est un psychopathe ! Il est bizarre et étrange comme garçon !

Du côté des parents, on retrouve une Sabine Azéma d’abord maternelle puis rapidement agacée et un André Dussollier avec le recul que peut avoir un père…

Les pères ont toujours un peu de distance, oui. Les hommes et les femmes ne réagissent pas de la même façon. Là, ils mettent du temps à se rendre compte qu’ils sont en train de se faire rouler dans la farine. Ça fait 16 ans qu’ils sont peinards, ils mordent dans la vie à pleines dents, ils vont très bien ! Et tout s’arrête avec l’arrivée de l’enfoiré. Ce que vous disiez par rapport à Zhu est vrai, elle materne son père et gère la séparation. Elle est très adulte et sait qui il est. Elle est un peu comme lui, un doux mélange : d’un point de vue intellectuel, elle est en avance à tous points de vue, et elle a la folie de sa mère qui s’est barrée du jour en lendemain.

Dans le film, Tanguy converse en chinois. Eric Berger a-t-il été doublé ?

Non, c’est lui qui parle mais il a eu un coach durant deux mois. Ce coup-ci, il a eu beaucoup de chinois dans son texte. Dans le premier, il avait à la fois du japonais et du chinois et là, il m’a demandé est-ce qu’il y a du japonais aussi dans celui-là  ? Je lui ai dit non que chinois  ! Phonétiquement, le chinois est plus compliqué à apprendre que le japonais. Il a bien ramé le pauvre garçon !

On remarque également que les parents trouvent refuge au fond d’une bonne bouteille de bordeaux !

Paul a une petite tendance à taper au pichet, comme on dit. Il est d’ailleurs réprimandé par Édith ! En fait, c’est un film d’horreur, c’est pour ça que ça s’appelle « Tanguy, le Retour » ! C’est épouvantable ce qu’il arrive à ces pauvres parents. Au départ, ils sont deux, dans un bel endroit tranquille et finissent à neuf !

Pour conclure, sans dévoiler la fin, on se dit qu’un troisième volet pourrait voir le jour…

Moi-même, je n’en sais rien. Ce n’est pas pensé dans ce sens, on verra comment ça se passe avec celui-là. Je ne savais déjà pas que j’en ferais un deuxième !

12 mars 2019 0 réactions
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Alexandra Lamy – “On ne voulait pas faire ce film-là ensemble”

Alexandra Lamy – “On ne voulait pas faire ce film-là ensemble”

Après « L’Embarras du choix » et « Retour chez ma mère », on vous retrouve dans « Chamboultout », le dernier film d’Eric Lavaine… Un tandem qui fonctionne décidément très bien…

C’était assez particulier parce qu’on ne voulait pas faire ce film-là ensemble puisqu’on est sur la suite de « Retour chez ma mère » qui sera « Retour chez ma fille ». Du coup, il l’a proposé à des actrices… Il avait du mal à trouver et quand il a vu, à L’Alpe-d’Huez, « Tout le Monde debout », tout le monde l’a convaincu que l’on devait le faire ensemble ! Il est venu me voir et quand il l’a mis en route, je me suis dit qu’il l’avait écrit pour moi, on le sentait dans son écriture. À la lecture, c’était à la fois drôle et émouvant… C’est une comédie mais le personnage de Béatrice n’est pas du tout drôle !

Et pour cause. Courageuse, tendre et forte, Béatrice sort un livre incompris par ses amis après cinq années dures…

Exactement. En fait, ils pensent tous à eux. Anne Marivin et Ludivine de Chastenet, qui sont divines, se remontent toutes les deux. Elles ne regardent que leurs petits trucs à elles et se mêlent de tout… Elles s’arrêtent sur des détails.

Et une fois de plus, le casting est d’une grande justesse.

Eric arrive toujours à faire de très bons castings. Trouver Nuno Lopez pour jouer Bernard, qui n’est pas l’amant de Béatrice mais plutôt son compagnon de route, c’était super. Il fallait quelqu’un de gentil, que l’on puisse le faire accepter par les autres qui essaient de juger Béatrice. Ce n’était pas facile… La plus belle phrase du film est celle de sa belle-mère. Elle a compris qu’elle avait besoin de Bernard pour aller bien et que la famille avait besoin que Béatrice aille bien pour que tout le monde soit bien.

On retrouve aussi Michaël Youn, Olivia Côte, Medi Sadoun, Michel Vuillermoz, Jean-François Cayrey ou encore Anne Girouard dans des rôles où l’on ne les attend pas vraiment… Où les opposés s’attirent !

Oui, c’est ça, complètement ! Et en plus, Medi et Michel sont devenus très amis. Jean-François, jouant le radin, est formidable aussi ! La belle-mère est très juste également. J’ai rencontré Barbara, à qui c’est vraiment arrivé, sauf qu’elle avait cinq enfants ! Elle m’a confirmé que c’était très dur à faire accepter, faire comprendre à la famille.

Qu’elle maintient à flot. Le titre « Chamboultout » est d’ailleurs juste… La vie de Fred, campé par José Garcia, est chamboulée comme celle des autres… Cet accident a fait bouger les lignes. Comment s’est passé le tournage ?

José est formidable. Il a été très intelligent, il n’en fait pas trop et il n’est pas rentré dans le pathos qui met mal à l’aise. Il est complètement à côté de sa vie du coup, il est super juste ! Il est resté beau et sans filtre, je trouvais ça très intéressant plutôt que d’en faire quelqu’un d’abîmé.

Sans doute grâce à Béatrice qui est la « lumière du jour »… Et pour tout le monde, son livre est un hymne à la vie tout en faisant office de miroir…

Exact, chacun se voit comme il est, comment les autres le voient et comment il aimerait être !

Comment s’est passé le tournage dans cette forêt de comédiens ?

C’était génial ! On a tourné en Province et, du coup, on dormait tous dans le même hôtel, on restait dans le film. Les filles, on s’est ultra bien entendues. Les garçons aussi, d’ailleurs. D’avoir eu ces moments, cela nous a permis de nous dire « on est amies, n’hésite pas à me rentrer dedans, on peut se dire les choses ». Avec Olivia, ça nous a aidées, notamment quand son personnage trouve le moyen pour que je puisse passer la nuit avec Bernard, cette scène était un peu plus faible dans l’écriture alors qu’elle est forte ! On l’a faite comme nous, on l’aurait fait !

Revenons à vous, on vous a vu émue lorsque vous avez reçu le Globe de Cristal de la Meilleure Actrice de comédie pour « Tout le monde debout »…

Ah ouais ! J’étais super touchée ! Ce n’est pas de l’aigreur mais je me suis dit « je n’ai jamais été nominée de quoi que ce soit, ça me faire super plaisir ». D’avoir été nominée et récompensée, j’étais vraiment très émue. Et j’étais aussi contente pour Franck (Dubosc), c’est son premier film et il m’a fait confiance.

Pour conclure, José Garcia a-t-il pu, enfin, achever son Whopper ?

(Rires) Oui !

 

8 février 2019 0 réactions
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Pierre Deladonchamps  – “J’ai été estomaqué par la pièce”

Pierre Deladonchamps – “J’ai été estomaqué par la pièce”

Entretien avec le Nancéien Pierre Deladonchamps et Andréa Bescond avant la présentation, en avant-première à l’UGC Saint-Jean, du film choc « Les Chatouilles ».

Pierre, le film coup de poing « Les Chatouilles » est une adaptation de la pièce d’Andréa Bescond. L’aviez-vous vu avant ?

Oui oui, évidemment. Elle jouait le seul en scène  et m’a convié à venir voir la pièce au théâtre du Châtelet en me proposant le rôle. Nous avons eu notre rendez-vous à l’issue de la représentation.

Quelle a été votre réaction lorsqu’elle vous a proposé le rôle de Gilbert qui agresse sexuellement la petite Odette ?

J’ai été estomaqué par la pièce, qui ne m’a, évidemment, pas laissé indemne. Puis j’ai pu discuter avec Andréa des raisons qui l’ont amenée à me proposer le rôle. Pour elle, c’était important d’aller vers quelqu’un qui ne porte pas forcément ça sur son visage afin que les gens se disent que la pédophilie n’a pas de visage, que ça peut être un ami proche de la famille, bien sous tous rapports. Il faut être vigilants et pas seulement sur les gens pour lesquels on a des doutes.

Comment avez-vous préparé un tel rôle ?

Je fais confiance à la mise en scène et au travail d’équipe sur le plateau. Je n’ai pas préparé grand-chose si ce n’est qu’au moment du tournage, je m’étais dit que j’allais tout jouer au premier degré. C’est-à-dire ni juger mon personnage, ni essayer de le racheter, ni de le rendre caricatural. J’ai donc tout joué comme si je m’adressais à une adulte, avec quelques nuances lorsqu’il la manipule et qu’il sait très bien que c’est une enfant.

Vous êtes également entouré d’un solide casting… Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac. Comment s’est passé le tournage ?

Très bien, on a travaillé en équipe et tout le monde s’est joint à son histoire parce qu’il avait été touché par son histoire et par son courage. On était tous très heureux de participer à ce projet qui est un peu d’utilité publique… Qui est une façon de faire de la politique dans la société civile et pas seulement dans le monde législatif.

Le film pose, en effet, le problème de la prescription des faits…

C’est ça, il pose cette question et il parle aussi du nombre d’enfants qui sont abusés. D’ailleurs, le mot n’est pas bon, ils sont violés. On n’abuse pas de sexe, on le fait ou on ne le fait pas. Ce n’est pas un abus, c’est un viol mais pour que ce soit un viol, il faut qu’il y ait pénétration. Du coup, on est obligé de nuancer les propos. Il y a, je crois, un enfant sur cinq qui est victime d’attouchements et/ou de viols…

Andréa, avec « Les Chatouilles », vous livrez un film coup de poing. Qu’est-ce qui vous a décidé à adapter votre pièce au cinéma ?

C’est d’abord une rencontre phénoménale avec Les Films du Kiosque, les producteurs. Après, c’est vrai qu’on en avait envie, même rêvé. On ne pensait pas voir des producteurs à Avignon alors que le spectacle n’était pas connu, même s’il faisait un buzz, et nous demander d’en faire un film.

Quelle a été votre réaction une fois terminé, vous qui livrez une performance incroyable !

Un vrai soulagement, déjà, et de la fierté. Heureux parce que ce film est le film qu’Éric Métayer et moi voulions présenter. On le voulait comme il est aujourd’hui. C’est aussi l’accomplissement de trois ans d’un travail intensif.

Comment le casting a pris forme dans vos esprits ?

Ça n’a pas été le plus compliqué. D’abord parce que l’on a écrit en se disant « si Karin Viard jouait ce rôle ce serait fantastique ». Elle a accepté et a dit qu’elle voulait faire partie de cette aventure… Comme les autres. Pour Pierre, c’était différent, on ne le connaissait pas. On l’a invité à voir le spectacle au Châtelet. Il était très éprouvé, positivement comme négativement. Et ce, d’autant plus par rapport au rôle qu’on lui demandait d’accepter. Il a un peu hésité, il y a eu un travail intellectuel et viscéral autour, il l’a fait parce qu’il trouvait que le scénario était bien écrit et que l’on n’était pas dans le jugement. Il pensait que c’était nécessaire. Et je pense qu’il l’a fait aussi pour sa petite fille pour, qu’un jour, elle soit fière que son papa ait dénoncé tout ça grâce à ses talents d’acteur.

Comment êtes-vous sortie de ce tournage où vous étiez derrière et devant la caméra et qui a demandé une impressionnante débauche d’énergie !

Fatiguée… Soulagée et heureuse d’avoir remporté le pari d’être crédible à l’écran. Comme on était deux, c’était rassurant. Éric comblait mes doutes, je comblais les siens. Il y a des tsunamis d’émotion quand je vois les gens recevoir le film avec autant d’amour, c’est à ce moment-là que ça me percute le plus.

D’autant, comme on l’évoquait avec Pierre, ce film relance le débat de la prescription…

Oui et bien d’autres. Allonger le délai de 10 ans, ce n’est finalement pas négligeable. Ça relance aussi celui du consentement d’un enfant envers un adulte, ça relance le débat de l’emprise de l’adulte sur l’enfant… Dans le film, il y a du « pourquoi ? »… Pourquoi un enfant ne crie-t-il pas quand un adulte lui demande d’enlever sa culotte dans la salle de bain ? C’est beaucoup plus complexe que ça.

Du coup, le film apporte beaucoup de réponses !

Je l’espère ! Ça peut amener les gens à se dire que ça peut arriver, que l’on peut ne pas voir les signaux envoyés par l’enfant… Il n’y a pas de mode d’emploi, c’est très compliqué.

L’enfant qui, finalement, se plie à l’autorité…

Exactement.

Crédits Photos : Stephanie Branchu

14 novembre 2018 0 réactions
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Jean-Paul Rouve – “J’aime filmer la vie”

Jean-Paul Rouve – “J’aime filmer la vie”

Il sera présent ce jeudi, accompagné de José Garcia, à l’UGC Ciné-Cité de Ludres, pour présenter son film « Lola et ses Frères ». Entretien avec l’exigeant Jean-Paul Rouve.

Après l’adaptation de son roman « Les Souvenirs », vous avez une nouvelle fois travaillé avec David Foenkinos pour le scénario original de « Lola et ses Frères ». Comment s’est passé le travail d’écriture ?

Ça s’est très bien passé. On s’entend très bien avec David, on a le même humour. On a le même intérêt pour les petites choses de la vie, les rapports humains, de façon générale, et familiaux, bien sûr… Tout ça est tellement fluide et simple, j’ai beaucoup de chance de l’avoir rencontré, c’est une entente parfaite dans le travail.

On retrouve le soin apporté à l’écriture dans le casting avec des personnages très travaillés…

Bien sûr, heureusement. C’est le plus important. Choisir le bon acteur pour le rôle. Et ce, quel que soit le rôle. Je mets autant de soin pour les rôles principaux que pour les rôles secondaires ou même les petits rôles où il n’y a qu’une phrase à dire. C’est aussi important, je prends du temps pour choisir. Je sais que c’est bien parce que l’on m’en parle beaucoup, ça me touche.

Parmi les rôles principaux, on a Ludivine Sagnier jouant cette sœur servant de socle à cette famille… Parfois, elle endosse même le rôle de la mère…

Exactement, c’est la petite sœur étouffée par ses deux frères. C’est ce qui nous amusait avec David, elle a pris le rôle de la mère parce que ce sont des mômes !

Des mômes qui ne voient pas quand elle ne va pas bien…

Tout à fait. Ils sont très égoïstes. Ils ne se rendent pas compte qu’elle est leur socle. Ils ont l’impression qu’ils la protègent alors que c’est tout le contraire.

Il y a également Bruno Garcia, à la fois touchant, émouvant, rude, drôle et maladroit, livrant une belle prestation dans un registre qui n’est pas forcément le sien…

Oui, il est la vie ! Mais José a fait d’autres films comme ça, comme « Le Couperet », de Costa Gavras. C’est vraiment un acteur complet et ce film est arrivé à un bon moment dans sa vie, il avait envie de revenir à un « rôle de la vie ».

Une vie faite de belles rencontres pour ces deux frères avec, notamment, un Ramzy tendre. Extérieur à cette famille, il est le seul à comprendre ce qui se passe…

Exact. Il est le seul personnage ayant la tête sur les épaules et les pieds sur terre. Il est un peu spectateur, en fait. C’est un peu nous qui regardons cette famille. Il est très observateur de tout ça.

Observateur mais avec beaucoup de pudeur…

Il a beaucoup de pudeur, en effet. Une pudeur flottant un peu sur tous les personnages. Il y a beaucoup de non-dits. C’est un sentiment qui nous intéressait avec David. On ne se dit pas beaucoup les choses dans la vie, on n’ose pas.

En parallèle, on retrouve la quête de tout être humain, magnifiquement illustrée par la chanson de William Sheller, « Un homme heureux »…

Exactement, j’ai mis un soin particulier dans le choix des chansons. Je voulais qu’elles soient en cohérence avec les personnages, qu’elles soient dans leurs univers. Je n’aime pas les films où les chansons sont plaquées, c’est un peu du clip. Ça m’ennuie, ce n’est pas suffisant, je veux qu’il y ait du sens…

Comme pour vos décors, solidement ancrés dans la réalité…

C’est indispensable. J’aime filmer la vie. Le cinéma, c’est un cadre, une lumière, une perspective… Ce sont des choix. Je n’aime pas transformer la réalité, je l’aime telle qu’elle est. J’aime poser ma caméra pour la rendre cinématographique.

Vous évoquiez les seconds rôles, on retrouve enfin, à l’écran, Philippine Leroy-Beaulieu…

Oui ! C’est une actrice que j’adore, que j’aime beaucoup. Ça fait longtemps que je pense à elle mais je n’avais pas de rôle à lui proposer. J’étais ravi qu’elle accepte.

On croise aussi le pétillant Gabriel Naccache, votre stagiaire dans « Le Sens de la Fête »…

C’est là que je l’ai rencontré pour le rôle. J’étais en écriture de mon film puis j’ai fait mon casting. J’avais Gabriel en tête. Il n’est pas acteur, à la base. C’est un étudiant brillant que j’ai trouvé formidable dans « Le Sens de la Fête »… Sa gentillesse, son humanité, son professionnalisme… Je lui ai fait passer des essais, il a été et il est formidable !

Crédits Photos : Christophe Brachet

8 novembre 2018 0 réactions
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Gilles Lellouche – “Ils ont bossé comme des dingues !”

Gilles Lellouche – “Ils ont bossé comme des dingues !”

Il sera ce jeudi soir à l’UGC Ciné-Cité pour présenter « Le Grand Bain » et son incroyable casting. Entretien avec un Gilles Lellouche au naturel.

Comment vous est venue l’idée de porter à l’écran l’histoire d’une équipe masculine de natation synchronisée ?

Je voulais parler de types âgés de 35 à 55 ans, un peu au bout du rouleau et qui n’ont pas eu la chance d’aller au bout de leurs rêves. Je voulais les faire se réunir autour d’une discipline originale, musicale et poétique. À côté de ça, j’ai toujours été admiratif des personnes qui font du foot amateur, le lundi soir, quand il fait -10 °C. Cela dépasse l’idée du sport. Et un soir, je suis tombé, sur Arte, sur un reportage sur la natation synchronisée masculine, j’ai eu le flash ! Ça réunissait tout. Une discipline dont on pouvait, à la fois, se moquer parce que ce n’est pas très viril, et il y avait cet esprit musical et les vestiaires où ils pouvaient se confier.

Est-ce que, c’est dans ce flash, vous est venu cet incroyable casting ?

Non, je n’ai pas écrit pour des acteurs. J’ai développé mes personnages sans les avoir en tête. Le premier que je suis allé voir, c’est Mathieu Amalric, avec qui j’ai travaillé sur le film de Jean-Paul Rappeneau. Il m’a tout de suite dit oui. Je lui en avais parlé à l’époque et quand je l’ai rappelé pour que l’on se voie, il m’a dit « est-ce que je viens avec mon slip et mon bonnet de bain ? » Il avait déjà compris. À partir de ce moment, j’avais mon Bertrand. Sinon, pour Philippe Katerine, j’avais un autre personnage et c’est en parlant avec lui que j’ai eu la révélation… C’était Thierry ! Les choses se sont faites comme ça… Pour Benoît Poelvoorde, pour être honnête, c’est un peu du sur-mesure…

Comme pour tout le casting !

Pour autant, ce n’était pas écrit pour eux ! Poelvoorde, il a dit oui, il a fait une première séance d’entraînement – ils se sont entraînés pendant six mois, deux fois par semaine ! – et au bout de la deuxième il m’a dit « j’habite à Namur, faire trois heures aller, trois heures retour, deux fois par semaine pour deux heures dans une piscine, je ne vais pas y arriver. » Et il s’avère que Julie Fabre, l’entraîneur de l’équipe féminine de natation synchronisée olympique, qui s’occupait de notre équipe, me dit « ça tombe bien, j’ai ma sœur qui fait comme moi, à Namur ! » Il y avait une chance sur un milliard !

Vous évoquiez le vestiaire, où se retrouvent ces personnages au bout du rouleau… Un vestiaire qui se transforme, finalement, en réunion des « Losers anonymes » !

Ouais, c’est ça ! Comme je le disais, ça va plus loin que le sport. À un moment donné, c’est une volonté d’échange, de rencontre. Et je pense qu’il est parfois plus simple de se confier à des gens que l’on connaît peu. C’est pour ça que je ne voulais pas en faire un film de potes. Ce ne sont pas des potes ! On les voit, ils ont ce projet en commun mais sont très seuls dans la vie. Je voulais montrer cette solitude qui peut devenir euphorique quand on est en nombre. Je suis intimement persuadé que le collectif est une solution à beaucoup de choses. J’avais envie que ces gens-là se racontent sans jugement, sans cynisme.

En dehors de ce vestiaire on retrouve les trois rôles féminins tenus par Leïla Bekhti, Virginie Efira et Marina Foïs qui rayonnent !

Pour Leïla Bekhti, c’était une autre actrice qui devait jouer le rôle mais elle est tombée enceinte et allait accoucher durant le tournage ! Je connais Leïla dans la vie, c’est une fille très drôle, au caractère très puissant. Du coup, je lui ai tout de suite proposé et elle a immédiatement accepté. Elle est exceptionnelle ! Virginie, comme Marina, ça a été une évidence. Je voulais des personnages féminins très forts qui vont aider les personnages masculins à s’en sortir. Virginie représente l’esprit du sport, quand Leïla incarne la rigueur physique du sport. Et puis il y a Marina, une femme aimant son mari depuis longtemps, c’est un couple très amoureux. Je voulais une femme compatissante, qui tend la main à son mari.

… Mais qui ne le ménage pas !

C’est ça, je voulais que le mal vienne des autres, des personnes extérieures qui se mêlent de tout, de ce qui ne les regardent pas et qui ont réponse à tout. D’où une réaction assez cinglante de Marina !

D’un point de vue technique, le tournage a-t-il été compliqué ?

Ça n’a pas été simple et je vais être honnête avec vous, ça a été compliqué pour eux. Les pauvres, ils étaient dans l’eau, ils se sont entraînés, durant six mois, l’hiver… C’était loin d’être gagné ! Ils ont bossé comme des dingues ! Pour moi, au niveau technique, tourner proche de l’eau n’est jamais simple. Mais j’ai vécu un tournage très heureux, en apesanteur, grâce à eux, leur joie qu’ils avaient d’être là. Un Amalric qui voyait Poelvoorde pour la première fois ou un Alban Ivanov, venant du Jamel Comedy Club, tournant avec Jean-Hugues Anglade, l’acteur de « 37°2 le Matin »… Il y avait ce mélange qui a très bien pris !

Ils étaient tellement heureux qu’ils ont accepté de se mettre en maillot de bain moulant low-cost !

En fait, je vais vous dire un truc, on n’en a même pas parlé, c’était une sorte d’accord tacite ! C’est très inhérent au film. Et j’avais la volonté de parler du corps d’un homme de 50 ans, que l’on ne soit pas dans les diktats esthétiques. Ce ne sont pas des machines de guerre et les acteurs m’ont suivi aveuglément là-dedans !

Il y a aussi le personnage d’Avanish que personne ne comprend excepté son équipe. Vous êtes-vous inspiré de Kenny, de la série « South Park » ?

Vous avez raison, ça part de là ! En fait, ce personnage, à la base, n’était pas Sri-Lankais. Lors d’un casting sauvage, j’ai vu Tamil et j’ai trouvé qu’il avait une tête incroyable ! Du coup, je le voulais, je l’ai rencontré. Il est Sri-Lankais et parle français mais je trouvais qu’il fallait jouer avec ça et en faire une différence. Je suis donc parti sur ce truc à la « South Park », tout le monde le comprend sauf nous. Et si je garde les bouées dans la première chorégraphie, c’est parce que ce pauvre Tamil ne savait pas nager ! Il a fallu qu’il apprenne, il a eu double ration de piscine.

Pour conclure, n’avez-vous pas eu, à un moment, l’envie de passer une tête devant la caméra ?

Honnêtement, l’idée m’a effleuré l’esprit avant mais j’avais tellement de travail que je ne pouvais pas. Et puis je ne voulais pas mélanger, ce n’est pas le même métier, je ne voulais pas me servir la soupe… Mais plutôt celle de mes acteurs. Et je ne me voyais pas les diriger en maillot de bain, je ne trouvais pas ça très crédible ! Entre le costard-cravate et le moule-b… il y a une marge !

Crédits Photos : Moka Cotellon

30 août 2018 0 réactions
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Kheiron – “Le scénario est la clef de tout”

Kheiron – “Le scénario est la clef de tout”

 

Venu présenter, mardi soir, en avant-première à l’UGC Ciné-Cité à Ludres, « Mauvaises Herbes » Kheiron est revenu sur ce film dense et abouti qui sortira en salle le 21 novembre prochain, jour de son anniversaire. Un long-métrage retraçant une partie de son incroyable parcours. Rappeur, humoriste, comédiens… Et éducateur, même si « je n’ai pas eu le diplôme. Mais on m’avait confié ce projet, c’est-à-dire d’accueillir des collégiens, en difficulté, exclus et qui n’avaient pas compris leur sanction. Il fallait donc leur expliquer. Seul le premier jour était obligatoire, ma mission était de les faire revenir le jour suivant. À l’époque, j’étais humoriste, j’avais donc une approche différente, j’étais dans autre chose. Dans notre société, la cause crée la conséquence et les jeunes sont plus adultes que ce que l’on pense, plus intelligents et responsables, aussi. Ce n’est pas une question d’argent mais de philosophie et de pédagogie ».

Un film, tourné dans un collège de Montreuil, où l’on retrouve Catherine Deneuve et André Dussollier qui rayonnent. « Ils ont tout de suite accepté. Quand j’écris un film, il n’y a qu’une version du scénario. Je le relis, et je passe en revue les rôles pour être certain des comédiens. Et là, c’était vraiment eux ! Le scénario est la clef de tout. » « Mauvaises Herbes » permet également au comédien-réalisteur de revenir à l’une de ses premières amours : le rap. « C’est vrai que je viens du rap ! C’est là que j’ai commencé à écrire sur un vieil ordinateur que mon père avait récupéré. » Logiquement, on le retrouve, aux côtés des Fianso et Médine, pour interpréter la bande originale, obligeant les deux rappeurs, que l’on voit également dans le film, à sortir de leur registre habituel. Une BO soignée dans laquelle on retrouve Malo’pour illustrer l’incroyable scène finale, filmée depuis un hélicoptère et sans doublure, qui fait office de lien, finalement, entre deux destinées.

Après « Nous Trois ou Rien », Kheiron le perfectionniste revient avec un film à la fois fort, poignant et drôle au scénario ciselé.

Crédits Photos : Patrice Saucourt

 

29 août 2018 0 réactions
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Doria Tillier joue Le Jeu

Doria Tillier joue Le Jeu

Entretien avec Grégory Gadebois, Doria Tillier et le réalisateur Fred Cavayé. Ces deux derniers étaient de passage l’UGC Ciné-Cité, à Ludres, en août dernier pour présenter, en avant-première, « Le Jeu » qui sort ce mercredi.

Fred, vous proposez un huis clos qui n’est pas sans rappeler « The Breakfast Club », ancré dans le XXIe  siècle, avec ses faux-semblants, ses apparences trompeuses, ses mensonges, ses non-dits, ses malaises…

Je le prends comme un joli compliment ! C’est un film que j’aime énormément. Et, effectivement, comme vous dites, dans ce huis clos, il y a un fond très mélancolique. Après, « Le Jeu » n’est pas que ça mais dans les personnages, il y a cette touche-là. C’est, en tout cas, un joli parallèle !

À cela s’ajoute un casting très juste. L’aviez-vous déjà en tête au moment de l’écriture ?

F.C.  : Quand j’ai écrit, je n’avais de comédiens en tête et à la fin, j’ai fait une liste de sept noms que je voulais voir dans le film. Et j’ai eu la chance qu’ils me disent tous « oui ». Quand j’écris, je m’interdis de penser à des comédiens, c’est la meilleure façon d’être déçu. De plus, je trouve toujours mieux lorsque c’est le comédien qui va vers le personnage. Je ne sais pas si mes camarades sont d’accord mais je trouve toujours bien d’aller au bout de ce qu’est le personnage. Et je ne me suis pas trompé !

« Le Jeu » montre que, désormais, les jardins secrets de chacun sont dans les smartphones.

Doria Tillier  : Ça dépend des générations. Si je pense à mes parents, on ne peut pas dire ça. Mais pour la nôtre et les plus jeunes, c’est complètement le cas. Si on ouvre mon téléphone, que l’on regarde les photos, mes notes, les textos, mes mails… On peut dresser un portrait de moi assez complet et assez exact. Je ne trouve pas que ce soit effrayant, c’est comme un journal intime mal rédigé… Mais c’est vrai que je déteste perdre mon téléphone portable, c’est comme si j’avais perdu mon journal intime, mes souvenirs. Ça renferme beaucoup de soi.

C. : Et pour la comédie, c’est formidable, avant, l’amant était dans le placard, maintenant, il est dans le téléphone !

Et le jardin de Grégory est peut-être encore plus secret que les autres…

Grégory Gadebois  : Bizarrement, par rapport aux autres, il n’a qu’un « problème ». Et s’il ne l’avait pas, son téléphone serait « calme » et lui serait assez serein avec ce jeu.

C.  : Après, c’est vrai que c’est un des personnages les plus gentil des sept. Malheureusement, il l’est tellement que ses copains ont tendance à profiter de lui depuis 30 ans. Ce jeu, finalement, lui permet de les mettre tous au piquet, de leur régler leur compte.

Roschdy Zem qui, sans dévoiler le film, le lui rend bien en lui témoignant une magnifique preuve d’amitié…

C.  : C’est aussi ça qui est intéressant dans l’évolution des personnages. Comme dans un thriller, on soupçonne tout le monde et plus on avance, plus on va définir qui est le coupable, qui est l’innocent…

T.  : Ce n’est pas un film où il y a un méchant et un gentil. J’aime cette finesse-là. On finit par comprendre presque tout le monde, c’est un truc qui me plaît, j’aime quand on comprend les « déviances » des personnages.

Les déviances mais aussi cette carapace dans laquelle ils s’enferment et, parfois leurs insuffisances. Comme lors de la scène où Stéphane De Groodt parle à sa fille. Sa femme, Bérénice Bejo, toute psy qu’elle est, s’aperçoit qu’elle est passée totalement à côté de ce qu’est devenue sa fille…

T.  : Ce sont ces cordonniers les plus mal chaussés !

C.  : C’est vrai, elle travaille beaucoup, ce n’est pas une mauvaise psy, mais, avec sa fille, elle n’est pas à la hauteur.

On a le sentiment que, pour les comédiens, la limite entre leurs personnages et ce qu’ils sont devenait de plus en plus infime au fur et à mesure du tournage…

C.  : Cela veut dire que ce sont de très bons comédiens !

T.  : A un moment j’ai pensé à la première année du Loft. Les participants avaient expliqué qu’ils avaient rapidement oublié les caméras parce qu’ils étaient tout le temps ensemble. Et là aussi, on a fini par les oublier et on a été très libres dans notre jeu.

Pour conclure, comme vous le dites dans le film, « En amour comme en amitié, mieux vaut ne pas tout savoir » ?

G.  : C’est compliqué, il y a une réponse par personne et par cas. Ce qui rend malheureux et qui ne change pas fondamentalement les choses, mieux vaut ne pas les savoir… Je ne sais pas vraiment, en fait, même si c’est toujours bien de dire les choses.

T.  : Moi je trouve que la plupart des vérités font avancer le schmilblick dans la bonne direction, même si ça peut être une étape difficile et effrayante à passer.

C.  : A l’heure actuelle, dans les couples, si on passait autant de temps à se parler qu’à envoyer des photos de ce qu’on mange et des avis dont tout le monde se fout, ça irait sans doute mieux !

28 août 2018 0 réactions
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Thomas Lilti – “Éprouvant physiquement”

Thomas Lilti – “Éprouvant physiquement”

Après « Médecin de Campagne » et « Hippocrate », le médecin généraliste et réalisateur Thomas Lilti vient, ce mercredi, présenter, en avant-première à l’UGC Ciné-Cité à Ludres, « Première Année ».

Après « Médecin de Campagne » et « Hippocrate », vous nous proposez une immersion dans la vie des étudiants en première année de médecine. Pourquoi avoir voulu la mettre en images, avec ses excès, ses débordements mais aussi et surtout la masse de travail que cela représente ?

Étant médecin, ce parcours qui m’est familier. J’ai eu spontanément envie de raconter ce que je connaissais le mieux pour être au plus proche de la réalité. La première année de médecine c’est l’exemple absolu. Elle est hypersélective, la compétition fait rage entre les étudiants. Finalement, on y apprend plus la compétition qu’un savoir. Ce qui, finalement, est vrai dans beaucoup de filières des études supérieures.

Une compétition dans laquelle Benjamin, joué par William Lebghil, qui a un père médecin, ne veut pas entrer, lui, le bon camarade…

Oui, Benjamin n’a pas vraiment fait de choix dans sa vie. Il a 18 ans, on lui demande ce qu’il veut faire. Il se dit qu’en faisant médecine, il pourra avoir un peu de reconnaissance de son père et s’acheter un peu de tranquillité. Ses motivations ne sont, en fait, pas très bonnes. Puis il se retrouve dans cette première année, il voit autour de lui des gens qui sont déjà à fond dans la compétition. Il y rencontre Antoine, joué par Vincent Lacoste, cet ami qui va devenir un ennemi et qui a une envie folle de devenir médecin. Il se prend alors au jeu et comme il vient d’un milieu où il a acquis certains codes, l’apprentissage du savoir, notamment, il va s’avérer très doué.

C’est vrai qu’il ne fournit pas d’efforts particuliers par rapport aux autres !

Non, il ne bosse pas plus ! Et c’est ça que j’essaie de décrire, cette injustice face au travail, à la réussite, au succès. Nous ne sommes pas égaux face au succès scolaire et l’université ne vient pas la nuancer, au contraire. Elle ne fait, selon moi, que la creuser. C’est ce que je raconte : celui qui a les codes réussit mieux, à travail égal, que l’autre.

Une inégalité qui crée, effectivement, des rivalités encore plus fortes…

Tout à fait ! C’est ce que je reproche à ce système : créer énormément de rivalité, de compétition entre les élèves alors que l’on devrait être dans des années de transmissions de savoir. Là, on les sélectionne sur leur capacité à supporter la pression dans un univers très compétitif… On peut se demander si c’est comme cela que l’on doit sélectionner les futurs médecins.

Il y a d’ailleurs une formule qui résume cet univers : « Apprendre, ne pas chercher à comprendre » !

Ben oui, c’est ce que l’on demande. C’est, en tout cas, ce qu’il faut avoir tout de suite compris, quand on arrive dans ces premières années de sélection. On est là pour être sélectionné, pas pour apprendre. C’est ce qui est terrible ! Ces années où l’on a 19-20 ans, on est en pleine possession de ses moyens pour apprendre des choses. Là, on les passe à se mesurer aux autres.

Des jeunes années qui ne sont pas épargnées par les burn-out…

C’est très répandu en PACES. La répétition de l’effort associé à l’échec, ce sentiment de dévalorisation de soi allié à la surcharge de travail donne l’impression d’avoir raté sa vie. On le retrouve même chez eux qui réussissent. Chez les étudiants en médecine règne une grande instabilité psychologique.

D’un point de vue technique, comment s’est passé le tournage dans ces amphis bondés ?

Il s’est très bien passé. Je me suis entouré de plusieurs centaines d’étudiants en 2e , 3e  et 4e  années de médecine, ils ont participé à la figuration et m’ont apporté leur savoir, leur énergie, ce qui m’a ramené à mes jeunes années. J’ai découvert une jeunesse motivée, volontaire et travailleuse. Je me suis nourri d’eux mais ça a été éprouvant physiquement.

Vous connaissiez Vincent Lacoste, avec qui vous avez déjà travaillé. Pourquoi avoir choisi William Lebghil pour incarner Benjamin ?

J’ai écrit le personnage d’Antoine pour Vincent. J’avais envie de retrouver un personnage qui soit une sorte de cousin du personnage d’« Hippocrate » mais je voulais le donner à un autre acteur. Il se trouve que William est un ami proche de Vincent dans la vie, je trouvais assez joli que Vincent lui « transmette » son personnage d’Hippocrate et je voulais profiter de cette complicité entre eux. C’est une amitié qui ne connaît pas le conflit ou la concurrence. Je voulais m’appuyer dessus durant le tournage. William est une personne très tendre, très bienveillante. Son personnage a pris conscience que dans cet univers, les plus forts doivent tendre la main aux plus faibles et cela, William, avec cette tendresse qui émane de lui, l’a très bien incarné.

Crédits Photos : Manin

28 août 2018 0 réactions
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Alexandra Lamy – “Un film agréable à tourner”

Alexandra Lamy – “Un film agréable à tourner”

Elle sera à l’UGC Ciné-Cité, à Ludres, et au Caméo, ce dimanche pour présenter, en avant-première, « Le Poulain », de Mathieu Sapin, qui sera également présent. Entretien avec la solaire Alexandra Lamy.

Pour faire ce film, Mathieu Sapin s’est immergé dans le monde politique, notamment durant la période de campagne. Comment avez-vous, de votre côté, appréhendé le rôle d’Agnès, directrice de campagne ?

Comme vous le dites, Mathieu connaît très bien son sujet puisqu’il a fait cette BD, « Le Château - Une année dans les coulisses de l’Élysée ». Du coup, il répondait à toutes nos questions, c’est très agréable d’avoir un réalisateur si pointu. Moi, je suis allée m’inspirer à droite, à gauche, de femmes politiques, de débats, de documentaires pour voir leur comportement, leur façon d’ affirmer les choses, la façon dont elles se tiennent… J’ai observé pas mal d’attachés de presse, aussi, avec ce côté « toujours au téléphone »…

Des attachés de presse qui possèdent une forme de pouvoir… On le voit lors de la scène de la visite de chantier où le dossier est préparé mais on s’aperçoit vite, comme souvent, que le candidat balance des banalités et enfonce des portes ouvertes…

Complètement ! Gilles Cohen est génial dans son rôle. C’était un film très agréable à tourner, Mathieu est apaisant et connaît très bien son sujet, sait exactement ce qu’il veut. Dans chaque plan, comme une BD, il est très précis. Pour mon personnage, je voulais qu’il ait une bouche très rouge. J’avais demandé à ma maquilleuse une bouche un peu gourmande d’abord parce qu’elle parle beaucoup et qu’elle est, quelque part, toujours dans la séduction. Le pouvoir séduit. Quand, au départ, Mathieu m’a proposé son film, je vous avoue que je me suis dit « oh là là, la politique c’est ennuyeux, on a ça tout le temps au JT de 20 heures, ce n’est pas très sexy ! »

Pour rester sur votre personnage il porte un nom pas évident : Karadzic !

(Rires) C’est vrai ! Je ne voulais pas que mon personnage soit tout le temps antipathique. Il faut aussi qu’elle soit attirante… Du coup, c’est plus pervers !

En parlant de perversité, la connivence entre certains médias et les politiques est mise en lumière… On retrouve ce jeu de poker menteur, de bluff…

Oui et c’est pour ça que j’aime beaucoup la précision de Mathieu Sapin. Il y a, évidemment, un jeu entre la presse et la politique… J’aime beaucoup les « je te rappelle » !

Pour revenir au casting, comment se sont passées les premières scènes avec Finnegan Oldfield, « Le Poulain », très juste dans son rôle ?

Finnegan, qui est formidable, faisait de la comédie pour la première fois. Comme on tournait à Montpellier et que l’on avait deux appartements côte à côte, le soir, on se faisait des petites lectures, on a travaillé ainsi ensemble, on s’est amusé, mais je ne voulais pas que l’on se voie trop avant. Comme il y a un petit jeu de séduction, je me disais « si on se connaît trop, on va se marrer et on va peut-être perdre un peu ça ». J’ai adoré travailler avec Finn.

Finnegan qui retrouve sur sa route, tout au long du film, sans prévenir, un génial Philippe Katerine !

Oh ouais, il est génial, il est drôle avec sa petite tête quand il apparaît dans le bus ! (rire) Il est incroyable ! Comme Gilles Cohen. Au final, on retrouve tout ce qu’il y a dans la politique, notamment l’importance de l’image qui prime !

C’est aussi un film saupoudré de quelques clins d’œil. À commencer par une femme comme présidente de la République…

C’est vrai et je trouve, au final, que le film est assez féminin. Le fait qu’une femme soit présidente est très moderne et original. En France, cela semble encore assez loin… On y arrivera peut-être…

On retrouve aussi un dépôt de gerbe sous des trombes d’eau qui ne sont pas sans rappeler les cérémonies pluvieuses de François Hollande…

C’est exactement, ça, il s’est inspiré de ces faits-là, oui.

Pour conclure, après le succès de « Tout le Monde debout », on vous retrouve une nouvelle fois à l’affiche… Avez-vous d’autres projets en vue ?

Oui ! Je viens de tourner, pour la troisième fois, un film avec Eric Lavaine, « Chamboule tout », aux côtés de José Garcia, Michaël Youn ou encore Anne Marivin… Le casting est super. C’est une comédie avec un fond dramatique, une histoire vraie d’une femme qui fait une dédicace, à Biarritz, pour so n livre dans lequel elle raconte toute sa vie… Tous ses copains sont là pour le lire et chacun retient sa partie à lui… Des tensions apparaissent, donnant ce fond dramatique à cette comédie qui sortira 24 avril prochain.

Crédits Photos : Cécile Mella

27 août 2018 0 réactions
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Marie-Castille Mention-Schaar  – “La maternité, un saut dans le vide”

Marie-Castille Mention-Schaar – “La maternité, un saut dans le vide”

Entretien avec Marie-Castille Mention-Schaar qui présentera ce samedi, en avant-première à l’UGC Ciné-Cité à Ludres, son film « La fête des Mères ». Elle sera accompagnée de Vincent Dedienne.

Vous rendez un bel hommage aux mères à travers un film mettant en scène différents profils. Comment vous est venue l’idée de ces différentes trajectoires ?

Le rapport à la mère, à la maternité, est un sujet qui m’a toujours intéressée. Pour moi, le film choral était la forme idéale pour, justement, aller explorer plus loin ce sujet qui ne pouvait être que multifacette. Chacun a un rapport différent mais, en même temps, c’est universel. On a tous une mère, quelle que soit, ensuite, la relation que l’on a avec elle. Après, on est inégaux devant cette relation. Du coup, il fallait que ce soit une mosaïque.

Votre film rappelle que, en effet, au départ, toutes les mères sont égales. C’est ensuite la vie qui crée des différences.

C’est vrai que la maternité, c’est un peu un saut dans le vide, dans l’inconnu. On imagine, on fantasme, on redoute, on est impatient. Et quand ça arrive, on ne sait jamais vraiment comment on va réagir. C’est pour ça que l’on est, je pense, égales devant cette transformation, ce rôle, cet habit de maman qu’on endosse.

Au moment de l’écriture, aviez-vous déjà tous ces profils en tête ou vous sont-ils venus au fur et à mesure ?

J’en avais déjà plusieurs en tête en sachant que, pour moi, il y avait comme un haut et un bas d’une pyramide pour, justement, évoquer à la fois cette égalité mais aussi, que l’on soit Présidente de la République ou prostituée à Belleville, on a quelque chose de très commun, on n’est pas préparées… Ensuite, au fur et à mesure, j’ai construit cette mosaïque qui a encore évolué lors du tournage puis au montage.

On voit également, notamment à travers le personnage de Clotilde Courau, que rien n’est jamais perdu…

Bien sûr, c’est aussi un film sur le temps qui passe. On n’a pas la même relation au temps, avec sa mère, en particulier. On est toujours « l’enfant de », quel que soit notre âge. Ça nous rassure. Je pense que, souvent, nous mettons nos mères, nos parents, dans quelque chose d’assez immortel. Le fait d’être ensemble sont les moments les plus importants et il n’est jamais trop tard pour ça.

Surtout, finalement, malgré certaines apparences, la mère parfaite n’existe pas…

Oui, elle est désacralisée, on ne connaît pas toujours le ressenti intime d’une mère qui, en apparence, est formidable. Elle aussi a peut-être combattu des angoisses, commis des choses qu’elle se reproche et que personne n’a vues. On se met aussi beaucoup de pression en tant que mère mais aussi en tant qu’enfant, que femme qui ne veut pas avoir d’enfant… On se met cette pression… La société nous la met…

Il y a, en effet, le personnage d’Olivia Cote qui ne veut pas entendre parler de maternité… Ce qui peut être perçu pour de l’égoïsme…

Tout à fait alors que, pour moi, on fait souvent plus des enfants par égoïsme que le contraire ! La décision de ne pas faire d’enfant est une décision qui doit être, parfois, difficile et certainement beaucoup plus réfléchie que celle d’en faire. Il faut faire attention au regard que l’on porte sur les femmes qui font ce choix.

Dans votre film, on retrouve Gustave Kervern dans le rôle du papa « apaisant »…

Oui et qui est solide par rapport à cette femme… Tout Présidente qu’elle est, il voit la difficulté qu’elle a à être mère. Il l’accompagne sans la juger. Pour moi, il était important que les hommes aient des partitions bienveillantes.

S’agissant du riche casting, comment l’avez vous construit ?

Je suis assez fidèle avec les actrices et acteurs avec lesquels je travaille. Certains sont récurrents dans mes films comme Noémie Merlant, Xavier Maly, Clotilde Courau… Je recherche toujours la comédienne ou le comédien qui est juste pour le personnage. Je n’irai jamais vers une actrice ou un acteur juste pour tourner avec elle ou avec lui si, pour moi, il n’est pas dans l’incarnation. C’était le cas pour Gustave Kervern, je n’imaginais personne d’autre. C’était comme une évidence.

Pour conclure, pourquoi le choix des claquettes en fil rouge du film ?

Ça donne une légèreté que je voulais apporter à certains moments. C’est comme des petites bulles de champagne ! Dans les claquettes, il y avait ce côté physique, où Nicole Garcia pouvait prendre du plaisir, mais aussi s’accomplir et se réaliser dans une petite chorégraphie.

Crédits Photos : Guy Ferrandis

5 mai 2018 0 réactions
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VANESSA GUIDE – INTERVIEW

VANESSA GUIDE – INTERVIEW

Entretien avec la Bisontine Vanessa Guide qui crève l’écran aux côtés de Max Boublil dans le film de Julien Hallard « Comme des Garçons ». Il a été présenté, en avant-première, à l’UGC Ciné-Cité de Ludres en présence de l’équipe du film.

○  ○  ○

Vous passez avec aisance de la télévision au théâtre et au cinéma… Quel regard avez-vous sur votre parcours ?

Je ne me rends pas toujours compte du chemin parcouru, j’ai l’impression de ne jamais arrêter. J’ai commencé le théâtre à 12-13 ans, à Besançon. Et même avant ça, j’ai toujours eu le goût du spectacle. Petite, je grimpais sur les tables, je chantais du Edith Piaf pour mon premier public, ma famille. C’est assez paradoxal, je suis assez réservée et timide dans la vie ; mais il se passe quelque chose quand je suis sur scène. Je n’ai, pas peur de me remettre en cause. Je prends chaque projet comme un défi, c’était le cas pour « Comme des Garçons » où j’ai dû apprendre à jouer au foot, à taper à la machine à parler italien… J’adore ça !

Qu’avez-vous ressenti à la lecture du scénario ?

J’ai tout de suite aimé le film ! Quand on m’envoie un scénario, je ne me focalise pas sur le personnage, j’ai besoin de voir l’histoire dans sa globalité, de voir si ça me parle… Est-ce que j’ai envie de raconter cette histoire… Et après, évidemment, je me recentre sur le personnage que l’on me propose. J’aime bien que les deux soient réunis.

Ce fut le cas visiblement !

Oui ! J’ai essayé de ne pas m’emballer parce que ce n’était pas une proposition ferme, j’étais en concurrence avec d’autres filles, mais c’est le jeu. En même temps, je trouve ça bien, je me sens plus légitime, après, sur le tournage. Et puis c’est une manière de rencontrer le réalisateur, de voir sa façon de travailler. C’était un premier film pour Julien Hallard. Pour lui, c’était bien de voir si ça fonctionnait. J’avais très envie d’être choisie. J’ai aimé le côté historique du film. Même si c’est romancé, on part de faits réels, l’histoire de ces filles m’a beaucoup touchée. J’aime les femmes fortes, la détermination de ces filles qui n’ont rien lâché, juste pour avoir le droit de jouer au foot dans une société loin d’être évidente pour elles. Et puis il y avait le challenge du foot !

Un challenge que vous avez relevé…

Ça a été très compliqué. Je suis très sportive. Le sport a toujours fait partie de ma vie mais je n’avais aucune accointance avec le ballon ! Je n’avais jamais tapé dedans et je ne m’intéressais pas au foot avant le film, mais ça ne me faisait pas peur. Je m’y suis mise à fond, pendant six mois, trois fois par semaine, le but n’était pas d’être embauchée par le PSG, juste d’être crédible !

Cette histoire nous rappelle aussi que, pour les femmes le Moyen Âge n’est pas si loin… Une époque où la phallocratie régnait sans partage…

Complètement ! Ce n’est pas si loin. Notre histoire se passe un an après Mai-68 et on se dit que les choses n’ont pas bougé si rapidement que ça. Là, on est en province, à Reims, et les mentalités n’ont pas changé du jour au lendemain. On est dans un monde gouverné par les hommes et trouver sa place dans un milieu qui peut être aussi macho que celui du football, à cette période-là, n’était vraiment pas évident. En ça, elles ont été des guerrières, des pionnières pour lesquelles j’ai beaucoup d’admiration.

D’autant qu’elles ne sont pas forcément soutenues par les mouvements féministes…

Non, au contraire ! Le MLF était contre elles. Il les voyait comme des objets sexuels pour des hommes pervers qui en profiteraient. Il y a, je pense, une incompréhension, entre le combat de ces femmes et les féministes. Les filles de Reims avaient juste envie de jouer au foot.

Face à ce mouvement, on a ce personnage de Paul Coutard, campé par Max Boublil… Comment s’est passé le tournage ?

Je connais Max depuis un petit moment. On s’est rencontrés quand je suis arrivée à Paris. Ça fait 10 ans qu’on se croise, on a des amis en commun, j’ai participé à certains de ses sketches. Mais on s’est vraiment découverts sur ce film. Je l’adore, on s’est très bien entendus et il me fait beaucoup rire. Il a été très respectueux et d’un grand soutien, dans notre travail. Il venait nous voir à l’entraînement. Lui et Bruno Lochet, qui forment un super-tandem, ont été des partenaires géniaux. Avec Max, on se chambre beaucoup en interview… Mais qui aime bien châtie bien ! J’ai beaucoup d’affection et de respect pour lui. Il s’autoproclame féministe depuis qu’il est papa de deux petites filles. C’est un mec très élégant.

Même son personnage qui apparaît comme un indécrottable macho mais qui, au final, œuvre sans relâche pour le féminisme !

Oui alors que l’on part d’un personnage caricatural, tête à claques. Tout ça lui tombe dessus malgré lui mais il est pris à son propre jeu… Il va au bout, en les soutenant et en faisant en sorte que ces filles obtiennent des licences et soient reconnues. Au final, c’est plutôt un mec bien.

Et pour un macho, se séparer de sa voiture de sport est un gros sacrifice !

C’est vrai qu’il a été au bout !

6 avril 2018 0 réactions
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KEV ADAMS – INTERVIEW

KEV ADAMS – INTERVIEW

Entretien avec Kev Adams qui a présenté, en avant-première, « Love Addict ».

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On te retrouve dans le premier rôle d’une comédie romantique. Qu’est-ce qui t’as touché dans cette histoire ?

C’est justement le côté comédie romantique très élégante, un peu anglo-saxonne, inspirée de films comme « Coup de Foudre à Notting Hill », « Hitch » ou encore « Crazy, Stupid, Love », avec Ryan Gosling. Et je trouvais le postulat de départ très original. Sur le papier, ce mec qui a besoin de séduire toutes les femmes n’est pas forcément un personnage qu’on aime. En même temps, comme il se fait soigner, que son médicament c’est une femme, j’ai trouvé ça super… Un personnage plein de contradictions. Il y avait des choses à jouer, à défendre dans ce style de film que j’adore.

Tu parles d’élégance, le costume trois-pièces te va très bien !

Figure-toi Yannick que c’est devenu ma tenue habituelle ! À l’heure où je te parle, si tu veux tout savoir, je suis en costume six pièces ! Il y a tellement de pièces que je ne sais plus où les mettre !

On retrouve aussi Marc Lavoine, dans le rôle de ton oncle. Comment se sont passées les premières prises ?

Très bien ! Il y a eu tout de suite une connivence entre nous. Je me suis éclaté à jouer avec lui ! Je ne le connaissais pas du tout. Je connaissais juste sont travail au cinéma et dans la musique. C’est un grand comédien, il a un rythme incroyable, il invente sans cesse. Ça a été génial. Et ce neveu et cet oncle qui vivent ensemble, ils sont la seule famille que l’un et l’autre ont, j’ai trouvé ça très touchant.

L’autre duo est celui que tu formes avec Mélanie Bernier, comme dans « Tout là-Haut ». Duo qui fonctionne décidément très bien.

Je vais encore passer pour Monsieur Compliment mais pour moi, Mélanie est l’une des meilleures comédiennes que l’on ait en France. Elle est très forte, que ce soit dans le drame ou la comédie, elle peut tout jouer. Ce rôle de Marie-Zoé lui va comme un gant. J’ai beaucoup aimé la relation entre les deux où, finalement, ils sont un peu le médicament de l’autre. Elle se soigne en rencontrant ce mec qui lui fait comprendre que, dans sa vie, il y a des choses qui ne vont pas et lui, se soigne grâce à elle.

Elle utilise, pour soigner Gabriel, une ceinture électrique… Était-elle réelle ? Si ce n’est pas le cas, la synchro est réglée à la milliseconde près !

Ce n’est pas réel, c’était trop risqué. Du coup c’est joué et je suis content de voir à quel point cette scène fonctionne bien.

L’autre tournant du film est aussi le recrutement dans cette entreprise de lingerie où tu es choisi pour ton potentiel… Mais aussi, au final, pour ta capacité à ramener des filles.

C’est vrai que c’est l’un des aspects même s’ils l’engagent surtout pour son potentiel. Quand ils voient ce mec arriver, ils se disent, effectivement, si en plus de ça, il peut nous amener des femmes dans le bureau, ce sera super  ! Frank Bellocq, le metteur en scène, a voulu montrer toutes les formes d’amour. Il y a l’amoureux exubérant, constant, passionné, que joue Gabriel, l’amoureux frustré, joué par ces trois « geeks » au bureau qui rêvent de rencontrer des filles… Et puis il y a l’amoureux déçu, avec Marc Lavoine, qui a pris la décision définitive de rester cloîtré chez lui en attendant l’amour de sa vie. On peut tous se reconnaître dans un des personnages.

On retrouve aussi des clins d’œil à Tarantino avec la scène de « Pulp Fiction » mais aussi l’incroyable Michael Madsen, rappelant « Kill Bill ». Du Madsen pure souche. Comment l’avez-vous convaincu ?

D’une manière assez simple. On a envoyé le scénario à son agent, il a lu les scènes en anglais, ça l’a fait marrer. Il a rencontré Frank avec qui le courant est vite passé puis on s’est rencontré et, là aussi, le courant est passé. Il était hypercontent qu’on l’appelle pour un film français. Il a adoré tous les clins d’œil au cinéma de Tarantino qu’il a aimé jouer. C’était une vraie chance de l’avoir. Ce qui est assez dingue c’est que quand Frank a écrit le film, il disait que pour jouer le rôle de Dikinson, la référence serait Michael Madsen… Ça paraissait impossible, inaccessible et finalement ça s’est fait comme pour les autres rôles, on lui a envoyé et il a aimé ! C’était génial d’avoir Michael Madsen dans le film.

Et en version originale, il n’est pas doublé !

Eh bien non, sans sa voix qui nous a tous marqués, ce n’est plus Michael Madsen. Si t’as vu juste un Tarantino dans ta vie, tu t’en souviens, c’est quelque chose de mythique dans le cinéma. Il était important qu’il ne soit pas doublé, qu’il soit Michael Madsen, tout simplement. Et ce qu’on trouvait génial c’est qu’au début, quand il arrive dans la boîte et qu’ils montrent la photo du boss, on se dit qu’ils ont pris une photo de Michael Madsen mais que ce n’est pas lui qui va surgir… En fait, c’est bien lui et on se dit wouah, le mec est là !

1 avril 2018 0 réactions
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ARNAUD DUCRET – INTERVIEW

ARNAUD DUCRET – INTERVIEW

Entretien avec Arnaud Ducret qui vient, ce lundi, présenter, en avant-première à l’UGC Ciné-Cité, « Les Dents, Pipi et au Lit ». Il sera accompagné du réalisateur, Emmanuel Gillibert.

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On vous retrouve dans cette douce comédie sentimentale qui commence, pourtant, par une Guerre des Roses mais avec deux enfants. Comment s’est passé le tournage avec ces têtes blondes ?

Exactement ! Ça s’est super bien passé. Ils étaient très professionnels, ils connaissaient leur texte par cœur. En revanche, le temps de concentration d’un enfant n’est pas le même que celui d’un adulte, autant vous dire, avec l’énergie qu’ils ont, il faut que nous, on reste dans notre énergie et il faut être absolument au service du metteur en scène et des gamins pour extraire au mieux ce que l’enfant a à nous offrir.

On vous sent en tout cas à l’aise !

Oui, je l’étais. Emmanuel Gillibert m’a mis en confiance, on était dans l’écoute. Et moi, j’ai besoin de travailler dans la bonne humeur et c’était le cas sur le plateau. Quant aux enfants, je les adore ça, j’ai un bon feeling avec les gosses, tout s’est bien passé !

On le ressent à l’écran même si, parfois, vous utilisez la corruption pour parvenir à vos fins ! Et ils vous le rendent bien !

(Rires) Ce sont eux qui commencent ! Le plan des Smarties, par exemple, je n’ai jamais rien demandé ! C’est eux qui ont commencé à me dire on va dealer les Smarties. Ce qui est d’ailleurs assez drôle. Ce que voulait Emmanuel Gillibert c’était aussi que les enfants aient le pouvoir, ils reprennent toujours la main. Parfois, je dis pas mal de gros mots devant eux parce que mon mode de vie fait que je m’en fiche totalement et là aussi, les gamins reprennent la main en me demandant de l’argent dès que je dis un « putain » !

Les gamins et Louise Bourgoin avec qui vous cohabitez également. Comment s’est passée cette collaboration ? La connaissiez-vous ?

Non et je crois que l’on ne s’est même pas croisés. On s’est rencontrés pour le tournage et ça s’est tout de suite bien passé. Louise est une super-camarade de jeu, elle est très ouverte, propose plein de choses et écoute ce que tu proposes aussi. Du coup, c’est un vrai travail de duo. Et puis elle est naturellement belle. Dans le film, elle a cette douceur et cette beauté que l’on voit, notamment, quand ils la filment avec sa robe rouge, le réveillon du jour de l’An. Au début, les deux paraissent improbables et finalement ça se marie plutôt bien.

Elle a d’ailleurs oublié les effets néfastes de l’abus de Malibu !

Ouais ! Avec le Malibu, on espace les verres ! Elle a oublié ça et surtout, elle est, comme beaucoup de femmes et beaucoup de mamans, au service de ses enfants et elle redécouvre la fête. C’est d’ailleurs plutôt bien fait, ça… Ce moment où elle dépose ses enfants à la gare et qu’elle reprend la fête…

 

 

C’est en effet à ce moment que la maman s’efface et la femme revient… Quoi qu’il en soit c’est aussi elle qui, quelque part, vous fait faire le bilan de votre vie à 40 ans…

C’est ça et ce qui est assez drôle, c’est pour ça que ça m’a plu, je me suis rendu compte que ce sont les gosses qui le font devenir adulte. Je suis, dans le film, un éternel enfant et c’est justement eux qui m’en font prendre conscience.

Tout autre chose… Il y a la scène du canapé… Était-elle écrite ou vous êtes-vous livré à une scène d’impro dont vous avez le secret ?

Elle était écrite mais soit on effleure le truc et ça devient vulgaire, soit on part totalement dans l’absurde et ça devient totalement burlesque et les gens vont partir avec nous. Et c’est ce qui se passe, au début les gens sont un peu gênés puis d’un coup, quand on me voit derrière le canapé, ils sont pliés de rire. C’était, je pense, cette ligne qu’il fallait franchir.

Est-ce que Louise Bourgoin a tenu le coup et maîtrisé son fou rire ?

Non ! Elle était pliée de rire et les mecs de la technique, derrière, ont été obligés de sortir pour rire ! En plus, à un moment, Emmanuel Gillibert dit « coupez ! » et moi je lui dis « non ! Laisse-moi, je vais t’en donner plein et après tu choisiras ! »

Sans dévoiler la fin, le film se finit comme un « beau film » !

Comme une belle comédie romantique, oui. « Les Dents, Pipi et au Lit », les gens pensent que c’est un film pour la famille, alors qu’il n’a jamais été écrit comme ça. Après, les enfants qui sont dans la salle prennent ce qu’ils ont à prendre. Ils ne comprennent pas tout mais ils se marrent et s’identifient aux deux gamins qui font la misère au père Antoine. Pour la fin, ils voulaient se moquer des clichés des comédies romantiques en étant une comédie romantique.

Cliché dont vous vous moquez avec Louise un peu plus tôt dans le film… Un cliché que vous vivez pleinement finalement…

Oui, bien sûr ! Et en fait, c’est la vie, tout simplement, et c’est pour ça qu’on le vit. Je suis content parce qu’avec Louise, ça marche très bien, on y croit en ce couple.

Et même si on devine ce qui va se passer, il y a, en effet, différents niveaux de lecture…

C’est ça, j’ai un enfant de 5 ans et demi, il est venu voir plein de projos et il m’a dit « est-ce qu’il est là le petit garçon, je l’adore ! » Mon petit s’identifie à lui, ça veut dire qu’ils ont leur histoire à eux qu’ils lisent en regardant le film.

Et il vous demande des Smarties maintenant ?

Non ! Il me demande des bonbons et des chewing-gums !

Pour conclure, vous avez plusieurs films à venir, vous n’arrêtez pas ! C’est presque de la boulimie !

Pas trop, ça fait trois films par an, certains en font beaucoup plus que moi. J’en refuse plein et j’essaie de faire attention à ne pas en faire trop. Après, quand on me propose des projets qui me plaisent, j’ai du mal à dire non. Trois films m’ont été proposés pour la fin 2018 et 2019, ils sont formidables, je n’ai pas pu dire non ! Deux sont des pépites, je ne pouvais pas ne pas les faire. Ce n’est pas de la boulimie, nous, les comédiens, on ne travaille pas tous les mois et des fois, quand il n’y a plus de boulot, on se demande si on nous a oubliés. Il faut trouver le bon équilibre.

 

1 avril 2018 0 réactions
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THIERRY LHERMITTE – INTERVIEW

THIERRY LHERMITTE – INTERVIEW

Entretien avec Thierry Lhermitte de passage à l’UGC Saint-Jean, à Nancy, et à l’UGC Ciné-Cité, à Ludres, pour présenter, en avant-première, « La Finale ». Il était accompagné du réalisateur Robin Sykes.

○  ○  ○

On vous retrouve dans un film à la fois drôle, touchant, poignant où vous campez Roland, ce grand-père qui perd la tête… Comment s’est passée cette belle aventure, vous qui êtes rare au cinéma ?

Les producteurs m’ont proposé le rôle que j’ai lu avec beaucoup de plaisir et du coup, j’ai accepté sans discuter !

Dans le film, vous formez un joli duo, très juste, avec Rayane Bensetti. Le connaissiez-vous avant ?

Non, je ne connaissais pas du tout Rayane et j’ai vraiment passé un moment merveilleux avec lui. C’est un super acteur et un garçon exquis.

Du coup, comment se sont passées les premières prises ?

Très facilement, très simplement. Il n’y a eu aucune entrée en matière particulière. On a sympathisé et on était sur la même longueur d’ondes du point de vue de l’interprétation… Avec beaucoup de justesse et de vérité. C’était aussi simple et sympa que ça !

On le ressent… Dans le film, tout semble couler de source, tout paraît très naturel avec un Rayane Bensetti servant de lien dans une famille où le dialogue est aux abonnés absents… Et c’est, au final, lui qui la remet en marche !

Absolument ! C’est d’ailleurs étonnant de la part de quelqu’un chez qui, justement, la communication, consciente en tout cas, est rompue. Cela fait partie des qualités du scénario, d’avoir fait sortir cette famille de l’incommunicabilité.

Une famille qui vous a, comme vous le dites dans le film, « laissé sur le banc »…

C’est vrai, il dit ça mais finalement, on n’en sait rien. Ce n’est pas quelqu’un de facile, le Roland ! Il a des opinions bien senties… À mon avis, il devait y avoir des torts des deux côtés !

À propos de ces opinions bien tranchées, on découvre, en effet, un personnage sans filtres, comme la scène dans la voiture avec son ami asiatique qu’il ne reconnaît pas…

Non seulement il est sans filtre mais, probablement, il ne devait pas être loin d’être comme ça avant. Franchement, un des modèles du personnage, et c’est pour ça qu’il s’appelle Roland, c’est Thierry Roland. Et le Thierry Roland que l’on connaissait n’avait pas Alzheimer mais cela ne l’empêchait pas de dire ce qu’il pensait sans beaucoup de filtre. Là, disons que c’est une espèce d’esprit franchouillard, populaire… Ce sont des gens à qui l’on pardonne parce qu’ils sont sympathiques, il n’y a pas de mal, ils ne pensent pas à mal quand ils sont à la limite.

Il n’y a jamais de méchanceté…

Il n’y a pas de méchanceté mais ils pourraient faire attention à ce qu’ils disent ! Là, quand on entend Thierry Roland commenter la finale de 1998, c’est dingue !

On se rend compte également d’une chose tout au long du film, c’est que la musique sert de lien… Avec le passé mais aussi avec le présent…

Oui, ça, je crois que c’est le truc qui est exact chez les gens touchés par Alzheimer. La musique est souvent une zone qui n’est pas touchée et qui relie les souvenirs…

Alors qu’il aurait pu, le film, drôle et émouvant, ne tombe jamais dans le pathos…

C’est vrai qu’il arrive à être émouvant sans être triste, tout est là, tout reste léger…

Pour revenir à Rayane Bensetti, qui est excellent dans le rôle de Jean-Baptiste, il est le seul à traiter son grand-père normalement…

Il est vraiment bon, je suis bien d’accord. Pour le reste, absolument ! Et comme, il ne connaît pas en plus ce grand-père qu’il a dû voir deux ou trois fois dans sa vie, il n’a pas d’affection particulière, il n’est pas bouleversé par le fait qu’il perde la boule, il a juste autre chose à penser à ce moment-là de sa vie. Rayane le fait super bien et de manière très juste.

D’autant qu’il arrive à jongler avec ses préoccupations d’ado et son grand-père…

Et comme il ne le connaît pas, il n’y a pas trop d’affect. Il ne commence à apprécier son grand-père qu’à la fin du film !

Notamment lorsqu’il est devant ce mur de photos sur lesquelles Roland pose aux côtés des plus grands sportifs…

Exactement, c’est une révélation pour les deux… Le gamin qui voit ce qu’a été la vie de son grand-père puis lorsqu’il lui fait passer toutes les photos sous la porte et que les souvenirs reviennent pour un petit temps…

Son grand-père qui, finalement, lui aura donné « le » bon conseil pour décrocher son rêve… Marquer le bon panier au bon moment…

Ce petit truc, oui, qui est le bienvenu !

📷 : Emmanuelle Jacobson-Roques

1 avril 2018 0 réactions
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Pierre-François Martin-Laval – INTERVIEW

Pierre-François Martin-Laval – INTERVIEW

Entretien avec Pierre-François Martin-Laval qui a réalisé « Gaston Lagaffe ». Le film a été présenté en avant-première à l’UGC Saint-Jean et au Ciné-Cité de Ludres en présence d’Alison Wheeler et de Théo Fernandez.

○  ○  ○

Vous avez adapté au cinéma Gaston Lagaffe. Comment avez-vous appréhendé ce projet qui vous tenait à cœur depuis un certain temps ? On sait que les adaptations de BD ne sont pas aisées…

C’est vrai que ce n’est pas facile. Je vous avoue qu’au début je me demandais si cela était possible. J’avais peur de faire un film pas plausible, pas crédible, qu’on ne soit pas dans une vraie histoire. Du coup, je me suis dit qu’il fallait absolument que j’invente une histoire intéressante, avec une intrigue. Je ne me suis pas concentré sur Gaston parce que je savais que le personnage était extraordinaire et qu’au cinéma, si je trouvais l’acteur, ça allait marcher. Sur l’histoire, avant de l’écrire, je me demandais comment était-il possible de ne pas virer un type pareil ! Qui n’en fout pas une, qui dort tout le temps. Quand j’ai eu l’idée, avec mon coauteur, ça nous a bien fait rire. Je voulais qu’il y ait un quiproquo, j’adore ! Ça a commencé à me donner une bonne énergie pour l’histoire que je n’arrivais pas à écrire tant que je n’avais pas répondu à la question « qu’est-ce que vient signer De Mesmaeker ? » Dans l’univers de Franquin, il y a comme ça des petits mystères qu’on n’a pas forcément envie de résoudre mais au cinéma, ça ne marche pas.

Du coup, vous l’avez ancré dans le XXIe siècle en le faisant travailler dans une start-up…

J’ai décidé ça, en accord avec mon producteur. Je lui ai dit que si j’avais la chance d’être élu pour le faire, je ne ferai pas un film des années 60. Il m’a dit, « il n’en est de toute façon pas question » ! Franquin n’a pas fait une BD de son passé, il a fait une BD de son point de vue contemporain. Et s’il était encore en vie, il ferait un Gaston avec la technologie de nos jours. Quitte à faire un film contemporain, je voulais que ce soit très moderne dans le sujet, mais qu’il y ait un peu de nostalgie dans mon graphisme. J’avais envie, d’une certaine manière, de rendre hommage à Franquin.

Un graphisme que l’on retrouve dans ces bureaux dans lesquels se passe, comme dans la BD, la quasi-totalité de l’histoire…

En tournée, on me demande « comme cela se fait-il que l’on reconnaisse autant la BD alors que c’est moderne ? » Quand on adapte un roman ou une BD, si on ne l’aime pas plus que ça, je trouve ça triste. Gaston, j’en suis fan et je suis en admiration devant Franquin, c’est un génie ! Personne ne l’a remplacé, personne n’a continué Gaston. Arriver à exprimer autant de pensées dans un personnage, c’est incroyable. Tout ça pour dire que oui, par-dessus tout, je voulais être fidèle.

On retrouve effectivement ce que Franquin voulait faire de Gaston… Comme le dit Mademoiselle Jeanne, « il se donne du mal pour faire du bien ». Et finalement, c’est sûrement lui qui fait le plus preuve de bon sens au milieu d’une galerie de personnage perchés !

Ce que vous dites me fait plaisir, quand j’ai écrit cette phrase, j’étais en larmes. Ce nul, considéré comme un fainéant et un dangereux, finalement, retourne tout le monde. Ce n’est pas Gaston qui s’adapte au monde qui l’entoure, c’est l’inverse. Ce que Prunelle ne voit pas. Du coup, j’arrive à la conclusion que c’est comme un préquel de Gaston Lagaffe. Mais ça reste Franquin qui a fait de Gaston quelqu’un d’attachant, on ne lui en veut jamais, on est juste énervé !

Celle qui le cerne vite est évidemment Mademoiselle Jeanne jouée par une incroyable Alison Wheeler. Comment avez-vous pensé à elle ?

C’est ma femme, qui a beaucoup travaillé à la télé et dans le cinéma, qui m’a dit que je devrais m’intéresser à elle. Du coup, je me suis plus intéressé à ce qu’elle a fait chez Studio Bagel qu’en miss météo. J’ai flashé sur ses sketchs et en quelques clics, je me suis aperçu du potentiel qu’elle a. Pour moi, c’est une actrice qui peut jouer aussi bien un rôle comique que dramatique. Elle sait tout faire !

Pour revenir à Gaston, on retrouve le « Coin-coin » des Tuche. Surtout, on a un Théo Fernandez qui peut enfin pleinement s’exprimer ! L’aviez-vous déjà en tête ?

Ça s’est passé en plusieurs temps. Encore une fois, ma femme l’avait vu dans la série « Irresponsable » et l’avait trouvé extraordinaire. Moi, dans les Tuche, je ne l’avais pas vraiment remarqué, il n’a pas grand-chose à faire. Et manque de bol, il m’a envoyé des essais vidéo qui n’étaient pas bons. Je n’avais pas vu Gaston en lui… Et heureusement qu’il s’est endormi au casting d’un autre réalisateur dans la même boîte que moi. Ça nous a fait un électrochoc chez UGC quand on a su qu’un acteur dormait à l’accueil pendant trois heures pour passer les essais de Gérard Jugnot. J’ai alors dit « faudrait qu’on me le montre » et là on me répond « mais tu l’as déjà vu et recalé ». J’ai voulu le voir en vrai et quand il est entré dans mon bureau, c’est un moment que je n’oublierai jamais. C’était un moment où je me disais « dans trois mois le film doit se tourner et je vais abandonner… » J’avais vu tous les acteurs français de 18 à 28 ans, des gens géniaux, qui me faisaient rire, j’étais navré de ne pas les prendre. Et quand Théo a ouvert la porte, ça a été un moment de grâce. Je suis d’ailleurs parti en courant, il a cru que j’allais aux toilettes alors que je suis allé chercher la production pour leur dire « c’est bon » !

Et pour cause, dès le premier « M’Enfin », on se dit que c’est bon !

C’est vrai. C’est un grand acteur qui fait croire qu’il n’en fout pas une. Il dit à tout le monde que pour travailler le rôle, comme Gaston ne faisait rien, il n’a rien fait… C’est faux, je l’ai vu évoluer, je lui ai fait travailler la posture et je lui ai dit « ne joue jamais, reste toi-même » ! Il a travaillé, respecté le personnage et fait un pas vers lui.
📷 : Arnaud Borrel

18 mars 2018 0 réactions
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FRANCK DUBOSC – INTERVIEW

FRANCK DUBOSC – INTERVIEW

Vous avez écrit et réalisé « Tout le Monde de bout » dans lequel vous jouez. Depuis quand cette idée vous trotte-t-elle dans la tête ?

En fait, l’idée de réaliser un film remonte à loin. Et la décision de le faire est venue quand j’ai fini d’écrire celui-ci. Quant à l’idée, elle m’est venue il y a 3-4 ans, une idée flash ! Puis, peu à peu, à force de cogiter, de prendre des notes, je me suis mis à l’écrire il y a deux ans. Et en l’écrivant, je me suis dit « on me demande toujours si je veux réaliser ». Au final, une fois écrit, je me suis dit que ce serait celui-ci ! Je voulais être celui qui allait le réaliser. Et jouer dedans, c’était encore une autre question. Toutes les questions sont venues au fur et à mesure mais au départ, je me suis juste dit « je vais en être le scénariste ».

On a surtout l’impression qu’il n’y a que vous qui pouviez le réaliser… ce film vous ressemble vraiment !

C’est ça, oui. Tous les gens qui me connaissent très bien, en sortant du film, m’ont dit « c’est marrant, il te ressemble… »

Aviez-vous déjà le casting en tête ? Notamment Alexandra Lamy qui rayonne tout au long du film…

Non et quand est venu le moment du casting, je cherchais une femme de 40 ans, belle, que les gens aiment, pétillante, solaire, drôle et émouvante… Du coup, il ne restait plus beaucoup d’actrices. Alexandra, et encore plus dans le film, était vraiment celle qui « regroupait » tous les paramètres. Surtout, elle est de ma « famille ». On ne se connaissait pas mieux que ça mais elle en faisait partie. Je ne voulais pas trahir ce que je suis, ce que j’aime en allant chercher une actrice que l’on voit plutôt aux Césars ou à Cannes même si Alexandra le mérite !

Son personnage agit comme un révélateur sur Jocelyn…

Oui… Je me suis toujours dit « un séducteur, menteur, un homme à femmes… Qu’est ce qui peut l’arrêter à part son opposé »… Il lui faut un mur. Une grosse différence de personnalité peut faire cela et là, elle est aussi physique. C’est toujours un arrêt brutal pour un homme. Je le sais… Je me souviens, je suis un homme marié maintenant, mais je me demandais toujours « quelle est la fille qui va m’arrêter » ? Il faudrait qu’elle soit très différente des autres. Là, tout à coup, il a du mal à se l’avouer à lui-même mais oui, elle lui montre que regarder les autres avant de se regarder soi est ce qu’il y a de plus important.

Vous évoquiez votre « famille », on retrouve également un incroyable Gérard Darmon…

C’est le premier que j’ai eu en tête. C’est pour ça, d’ailleurs, que j’ai vu le personnage un peu plus âgé. Je ne voulais pas d’un copain de mon âge, j’en voulais un remplaçant le père, qui peut donner des conseils et qu’on est presque obligé d’écouter. J’ai pratiquement écrit le rôle pour lui.

Vous parlez du père, on ne peut pas ne pas parler de Claude Brasseur !

Claude m’a fait ce cadeau de jouer mon père. Je lui ai dit, quand je l’ai appelé, que je voulais être entouré de gens qui ont fait un peu ce que je suis aujourd’hui. Forcément, Claude, si on parle de famille, c’est vraiment comme un père !

Pour revenir à Alexandra Lamy, on la voit jouer au tennis en fauteuil, jouer dans un orchestre… Elle a relevé un sacré défi…

Sur le terrain de tennis, c’est elle tout le temps et pour l’orchestre, elle a travaillé le violon mais ce n’est, effectivement, pas tout le temps elle. Elle s’est entraînée avec sa chaise chez elle… En fait, elle a tout fait en même temps et trois mois avant, elle était complètement investie, à s’entraîner au violon, au tennis, debout, assise et à rouler avec sa chaise…

Et pour vous, comme cela s’est-il passé ?

Des amis réalisateurs m’ont donné beaucoup de conseils très utiles. Tout le monde a été très bienveillant. J’ai vécu chaque jour l’un après l’autre. C’est moins fatigant que de viser le bout. Je me suis dédoublé, il y avait le réalisateur et l’acteur… C’est-à-dire que l’acteur est celui qui se fait servir, le réalisateur celui qui sert… Le réalisateur roule dans le bus, l’acteur dans la Mercedes… Il fallait faire les deux !

Pour revenir au thème, c’est aussi un film qui ose poser les questions sur le handicap franchement, comme dans la scène après le match de tennis…

Certaines personnes m’ont dit « cette scène-là c’est quand même difficile »… J’ai dit non… On se pose tous les questions et on veut tous ces réponses. C’était important que les gens comprennent que ce personnage fait quelque chose qui, en même temps lui fait peur et le fascine. S’il se pose des questions, c’est que ça l’intéresse. Je trouvais que c’était très important de l’avoir…

Pour l’anecdote, est-ce que la scène où vous êtes à quatre pattes dans le cabinet de Gérard Darmon a été tournée en une prise ?

Non ! Il était à la fenêtre et à chaque fois qu’il se retournait, il explosait de rire !

Sans dévoiler la fin, l’aviez-vous imaginé ainsi ?

Qu’elle vienne me rejoindre et que je monte sur sa chaise, je l’avais dès le début. Maintenant, cette fin-là, au départ, est plus longue. Il y a une fin moins émouvante et plus comédie, c’est pour ça que je me suis arrêté là.

 

21 février 2018 0 réactions
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CLOVIS CORNILLAC – INTERVIEW

CLOVIS CORNILLAC – INTERVIEW

Après avoir vu le film, le premier sentiment est qu’il n’est pas utile d’avoir vu les deux autres pour se laisser happer par l’histoire et la comprendre. Cela faisait-il partie du cahier des charges ?

Ah oui ! Pour moi, c’était essentiel. Je voulais juste que ce soit un film à part entière. Souvent, quand il y a des trilogies, on se dit « je suis obligé de voir celui d’avant » et des fois, je trouve ça rebutant. On peut très bien faire des films indépendamment les uns des autres et je trouve ça super. C’est aussi pour que ça que j’ai accepté.

Ça va même plus loin puisqu’il donne envie de voir les autres.

Ça, c’est chouette alors, tant mieux !

Au niveau du scénario, on retrouve le tandem Fabien Suarez et Juliette Sales. Comment s’est passé le travail avec ce duo qui a œuvré sur les deux premiers films de la saga ?

Ce qui était super c’est, qu’à partir du moment où j’ai accepté de le faire avec une histoire déjà écrite, je me suis approprié le projet et retravaillé avec eux sur plein de choses que je voulais développer ou enlever. Ils ont été extrêmement à l’écoute et non dans une posture qui aurait été néfaste à tout le monde. Ils étaient vraiment dans un travail en commun, pour le film.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette belle aventure ?

Elle m’a été proposée par un des producteurs, Clément Miserez, qui m’a appelé. J’ai été un peu surpris parce qu’entre mon premier long-métrage et la série « Chefs », où j’ai réalisé les derniers épisodes, je ne voyais pas trop le lien. C’est vraiment à la lecture de la version 1 du scénario que ça m’a inspiré. Ça m’a évoqué plein de choses… Des choses diverses comme la littérature de Jack London à Conrad… Tous ces récits d’aventure. Faire un film d’aventure aujourd’hui pouvant réunir tout le monde dans une salle, quel que soit l’âge, me plaît énormément. J’avais vraiment envie de renouer avec ça, des films grand public et populaires.

Un projet où l’on retrouve le casting des deux films précédents. Ont-ils été difficiles à convaincre ?

Il y avait une sorte d’excitation commune, tout le monde en avait envie. C’était aussi ça qui était chouette. Tchéky Karyo est un acteur que je connais depuis des années. Il y avait une curiosité, une envie de travailler ensemble, sous ma direction. Il a eu vraiment confiance. Félix (Bossuet), qui joue Sébastien, voulait finir l’aventure. Je lui ai dit qu’on allait bosser beaucoup et probablement différemment que sur les autres… Tous étaient hyper à l’écoute.

Vous jouez donc le rôle de Joseph, cet incroyable méchant ! Comment l’avez-vous appréhendé ?

Je voulais que nos héros soient confrontés plus qu’à un personnage, à une fonction. Pour Joseph, le mal incarné. Je trouve les héros d’autant plus beaux que quand les méchants sont à la hauteur… Quand nous, spectateurs, on se dit qu’est-ce que je fais face à ça, comment je me détermine face au mal , quels choix cruciaux j’ai à faire, comment j’avance … Après, je voulais en faire une sorte de monstre comme l’ogre dans « Le Petit Poucet ». Sans psychologie, sans rédemption possible.

Lors de sa première apparition, on le croit tout droit sortie d’une BD !

C’est vrai, je voulais faire un cinéma affirmant totalement un propos, une forme et ne pas être timide ou mignon. Je voulais vraiment un effet graphique qu’on a dans le cinéma d’aventure, voire dans les westerns, qui soit jubilatoire pour le spectateur. Comme ces capes de bergers, qui claquent au vent… Des choses que je trouve belles à l’écran

Comme son véhicule, un incroyable half-track !

C’est comme un monstre mécanique, en fait. On a cette nature qui est sublime, minérale et très forte et d’un coup, on a quelque chose qui nous ramène à la guerre. C’est un véhicule qui sent la mort…

On pourrait presque lui trouver des similitudes avec le camion de « Duel »…

Exactement !

Sinon, la coupe de cheveux, on en parle ?

Elle a de la gueule hein ? Elle ne laisse pas indifférent !

Et elle prend surtout tout le monde de court !

Je trouvais qu’il y avait quelque chose de décalé, de malsain, dans l’idée de ne pas du tout avoir un poil sur le caillou et d’avoir les cheveux longs sur les côtés, un peu sales, filandreux. Avec ce nez de sorcière, c’est une image qui amène du charisme au mal. Si le mal n’interroge pas, on passe à côté. Je voulais que ce soit immédiat et bizarre.

Pour revenir au tournage, il y a beaucoup de décors naturels qui ont dû le rendre éprouvant…

Ça a été une aventure, oui. Mais j’avais tellement envie de raconter cette histoire que j’avais dit à tout le monde que ça allait être difficile. Mais le problème n’est pas celui-ci, c’est de rendre le film que l’on envie de faire. Des difficultés, on en a rencontré mais ce qui était important, c’était de trouver des solutions. Pour faire un film d’aventure, cela aurait été étrange de ne pas vivre une aventure.

Des décors forts qui deviennent, finalement, un des personnages du film…

Oui, pour moi, tout ce qui est traité dans le film, c’est des personnages. Belle est évidemment un personnage, les humains je n’en parle même pas et la nature est un personnage. Quand je me balade, j’ai une relation à la nature qui est très intime, elle est vivante et raconte des choses.

Pour conclure, après une telle aventure, avez-vous d’autres envies ou projets en tant que réalisateurs ?

Depuis mon premier long-métrage, la réalisation est une obsession. C’est ma vie… Depuis quatre ans, ça a tout bouleversé. J’ai évidemment envie de jouer, mais j’ai moins le temps. Je joue dans mes films parce que pour faire un film, il me faut un an et demi… Mais j’adore ça !

 

21 février 2018 0 réactions
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Laurent Tirard – Interview

Laurent Tirard – Interview

Faire, en 2018, un film « en costumes » n’a pas dû être simple !

Non, pas du tout ! Avec Jean Dujardin et Mélanie Laurent, ça peut paraître étonnant mais tout le monde nous a dit que le public ne voulait plus voir de film en costumes. Je pense le contraire ! En tant que spectateur, ça me manque et je fais des films que j’aimerais voir. De plus en plus, on a du cinéma ressemblant à du téléfilm, ça manque de souffle. Ça n’a pas été évident !

Vous retrouvez Jean Dujardin qui trouve, avec le capitaine Neuville, un rôle sur mesure dans lequel il donne toute la mesure de son talent. Il fait rire, fait passer de l’émotion, il sait être cynique…

Le rôle a été écrit pour lui. Je voulais faire ce film depuis « Le Petit Nicolas ». Mais les films se sont enchaînés. Et quand on a travaillé avec Jean sur « Un Homme à la Hauteur », je lui en ai parlé en lui disant « je ne vois qu’un seul acteur pour incarner ce rôle, c’est toi ! » Je lui ai pitché le film et il a adoré. Je l’ai écrit et il a pu participer à l’élaboration de son personnage.

Du sur-mesure que l’on ressent également pour le personnage d’Elisabeth interprété par une Mélanie Laurent à la fois froide, sérieuse, bienveillante, honnête… Mais également au moins aussi manipulatrice que Neuville !

Oui mais à sa façon. Elle agit toujours pour le bien d’autrui. Quand elle écrit les lettres, elle le fait pour sa sœur. Mais oui, c’est une héroïne intrigante et très cérébrale. Pour le coup, le rôle n’était pas écrit pour elle. Il était très inspiré des héroïnes des romans de Jane Austen qui sont des personnages forts, assez manipulatrices, conscientes de l’environnement et sachant en jouer avec les codes de leur époque. Mélanie, c’était un choix audacieux et fort. Je voulais un personnage fort et moderne, en décalage avec son époque. Je voulais que ce soit une femme d’aujourd’hui affrontant ce type très macho et très sûr de lui.

Le duo fonctionne très bien et vous lui avez imposé un tournage éprouvant entre la chute dans l’eau de Mélanie Laurent et Jean Dujardin remontant à cheval…

C’est la première fois que Mélanie Laurent fait une comédie ! Pour le tournage, il a été compliqué. Comme je l’ai dit, on a eu beaucoup de mal à le monter et on a dû tourner dans un temps réduit, ce qui n’est pas simple pour un film en costumes. Idéalement, il aurait fallu dix semaines, on l’a fait en huit. Tout le monde était conscient des difficultés et tous ont fait preuve d’une extrême bonne volonté. Ça a été un tournage studieux et exigeant que soit physiquement ou en terme de rythme.

Sur le tournage, le choix des décors naturels a dû vous poser des contraintes supplémentaires…

Oui mais je préfère, surtout quand on fait un film d’époque. Bien sûr, il y a moins de confort que dans un studio. Mais que ce soit pour moi, metteur en scène, ou pour les acteurs, être dans un lieu vraiment chargé de choses, d’une histoire, ce n’est pas pareil. Alors oui, il faut composer avec mais on arrive dans le décor et on est dans la scène !

Quant aux peronnages, ils finissent par être à contre-courant de ce qu’ils sont au départ, à l’image de Pauline, la sœur, qui n’est pas si sage que ça…. Le capitaine est tout sauf un héros et Elisabeth n’est pas si bienveillante que ça…

C’est ça. L’idée est, autant que possible, de surprendre. Mettre un personnage dans une situation et se demander comment il va s’en sortir ! Et puis il est toujours intéressant de montrer que les personnages ont plusieurs facettes. Je veux que mes personnages soient attachants, j’ai besoin de les aimer et que les spectateurs les aiment.

Ce qui est le cas, on n’a pas envie d’en vouloir à Neuville…

Bien sûr ! Je crois que l’on est tous, quelque part, attirés par les escrocs, il y a quelque chose de formidable, on veut tous être ce personnage qui transgresse.

Pourquoi avoir choisi le XIXe  siècle ?

Pour plusieurs raisons. Déjà, il y a cette passion pour l’univers de Jane Austen et ses personnages ancrés dans le XIXe  qui est plus romanesque, plus romantique plus épique que le XVIIIe. Le XXe  ce n’était pas possible. Et puis, pour moi, en sous texte, le film est un western ! D’où la musique. Cette époque s’y prête vraiment bien !

Sans la dévoiler, vous avez opté pour une fin ouverte. La scène finale, même si on sait ce qu’il va se passer, est irrésistible ! L’aviez-vous en tête dès le début ?

J’en parlais avec un scénariste avec qui j’ai travaillé et on se disait que, quand on écrit une comédie, il y a une promesse implicite pour le public. Il attend quelque chose. Si on lui donne trop rapidement, il est déçu, si on ne lui donne pas, il est frustré. Il faut toujours arriver à lui donner mais en étant suffisamment malin pour qu’il soit quand même surpris et qu’il ait de la satisfaction. C’est assez compliqué !

📷 : Christophe Brachet

16 janvier 2018 0 réactions
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Michèle Laroque – Interview

Michèle Laroque – Interview

Michèle, vous présentez votre film « Brillantissime », pour lequel vous aviez lancé un financement participatif…

Non, en fait il y a une petite confusion là-dessus. L’aventure de crowdfunding-corprod n’était pas pour ce film. C’était avant tout pour créer une communauté de gens qui ne font pas ce métier et partager un peu avec tous les émotions que l’on a, quand on fait un film. J’avais une idée de pitch et j’étais en tournée avec Pierre Palmade. J’étais allée faire des rencontres dans tous les cinémas puis on a développé une histoire que j’avais en tête parlant de terrorisme. On a écrit le scénario mais c’était avant Charlie, Le Bataclan, le 14-Juillet… On a donc décidé de mettre ce projet entre parenthèses et parallèlement, j’avais développé « Brillantissime ». Il est monté classiquement et l’argent récolté par les Coprods a servi et sert encore à organiser des choses pour eux. Il y a toute une équipe qui travaille pour eux avec des vidéos faites les jours de tournage où ils ont pu voir leur film avec des making-ofs, certains sont venus à Cannes et ont monté les marches avec moi…

Un film où l’action se passe dans votre ville, Nice…

Ce n’était pas forcément prévu comme ça au départ, on avait plusieurs villes en tête. Et puis il y a eu 14-Juillet, je voulais vraiment rendre hommage à cette région que j’aime, aux Niçois, qui sont hypercourageux, qui sont traumatisés… Et montrer que la vie est la plus forte. Le choix s’est imposé. C’est vrai qu’autour de l’histoire d’Angela, une adaptation de la pièce anglaise de Géraldine Aron que j’avais adaptée au théâtre, j’ai mis des choses très personnelles et intimes.

Une adaptation et un travail d’écriture que vous avez fait, entourée de Benjamin Morgaine et Lionel Dutemple, deux anciens auteurs des Guignols… Pourquoi ce choix ?

En fait, ce sont des amis avec qui je m’entends très bien, qui ont été aux Guignols pendant des années. Comme ils n’y sont plus, ils étaient plus libres et avaient envie de se consacrer à ce film dont on avait parlé depuis longtemps. Je savais exactement comment je voulais raconter l’histoire et l’on se complète bien. Ils ont de supers idées, ça fonctionne très bien entre nous.

Une histoire dans laquelle on retrouve deux personnages hauts en couleur joués par Kad Merad, le psy aux méthodes expérimentales, et Gérard Darmon, ce mec qui vend ses fruits dans un square et qui est, finalement, le plus à l’écoute !

Oui ! Kad est à l’écoute des autres mais avec Angela, c’est compliqué, il est amoureux. Du coup, il n’a pas vraiment envie qu’elle se reconstruise. Et Georges, joué par Gérard, qui est un peu comme un personnage sorti d’un film de Capra, devient un ange gardien, il l’écoute et s’intéresse à elle. Elle va se redécouvrir à travers les moments qu’ils vont passer ensemble.

Georges qui reste au même endroit tout au long du film, faisant des apparitions divines…

Exactement ! Il est là le bon soir, où elle est seule, quand elle va passer un moment avec lui. C’est ça aussi que j’aime chez Angela, elle n’a pas envie d’être seule et ça ne lui pose aucun problème de s’installer dans le square, à côté du vendeur de fruits, qu’elle ne connaît pas, pour lui raconter sa vie.

D’ailleurs, alors, qu’au début, on la sent déconnectée de la réalité, ce sont ces personnages qui la reconnectent au monde réel…

Absolument ! Au début, elle n’est pas dans sa vraie vie, elle est dans un livre d’images qui était peut-être un parcours imposé par sa mère, par son éducation. Et puis, avec cette épreuve énorme qui remet toutes les énergies différemment, tel un shaker, elle va bien sûr être ébranlée puis elle va se poser les bonnes questions, apprendre à se connaître, à s’aimer et se retrouver dans sa vraie vie à elle.

Le choix du casting a-t-il été évident ?

En fait, pour Kad, j’ai fait son premier long-métrage, « Monsieur Papa », et il était venu voir la pièce. Et là, il m’a dit, « si tu fais le film, je veux faire le docteur Steinman ». Effectivement, je pensais beaucoup à lui en écrivant ! Comme Françoise Fabian, j’ai toujours imaginé la mère comme ça, écrasante de beauté, de présence, d’autorité… Pour Gérard Darmon, on a créé le personnage qui n’existait pas ; Rossy de Palma, c’est venu d’un coup et c’est devenu une évidence, elle a dit oui tout de suite. Après, pour tous les autres personnages, c’est vraiment un film de copains ! Ce sont tous les gens que j’aime, qui m’ont vue démarrer. On retrouve, tout au long du film, des clins d’œil. Le chien, c’est mon vrai chien, ma fille… C’est ma fille ! L’immeuble où habite Angela, c’est l’immeuble où j’ai toujours vécu à Nice, où habitaient ma grand-mère et mes parents, le square, c’est là que j’ai fait mes premiers pas…

Parmi ces potes, on retrouve Michael Youn, Jean Benguigui, évidemment Pierre Palmade et, à la fin, la bande à Fifi avec Philippe Lacheau, Tarek Boudali, Julien Arruti et Élodie Fontan…

Avec la bande à Fifi, on est très copains. On se croise dans les festivals et on s’entend super-bien. Un jour, ils m’ont demandé de faire « Alibi.com », j’ai dit Ok mais vous faites « Brillantissime » ! Je savais que dans « Babysitting » ils avaient sauté en parachute et moi je l’ai fait une fois et j’ai adoré. Dans la pièce, ils font un stage de survie, là, ils vont se retrouver à sauter en parachute, on a écrit ça pour eux. Je les adore, ils sont vraiment super ! Ils jouent le jeu pour tout, humainement, ils sont géniaux ! C’est un bonheur de les côtoyer !

Le film sort en janvier, d’autres projets en vue ?

Oui, mas pas en tant que réalisatrice. Je vais reprendre mes projets d’actrice, j’adore ça ! Jusque fin avril, avec Muriel Robin, on va reprendre la tournée de « Elles s’aiment » et puis on est en train d’écrire un film, avec Benjamin Morgaine et Lionel Dutemple, pour nous deux, qui s’appelle « Mariage pour toutes » !

📷 : Céline BRACHET

12 décembre 2017 0 réactions
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Serge Hazanavicius – Interview

Serge Hazanavicius – Interview

Vous proposez au public un incroyable voyage. Comment l’histoire d’un rider partant à la conquête de l’Everest pour s’attaquer au Hornbein, a pris forme dans votre esprit ?

D’une envie, d’un désir. J’ai la chance de pratiquer le ski en hors-piste, en liberté ainsi que du ski extrême. Ça fait plus de 20 ans que je fais ça régulièrement avec un monsieur qui s’appelle Stéphane Dan. Très vite, en skiant ensemble, en parlant, ça nous est apparu en même temps. Lui avait envie de raconter ça dans de la fiction, en images et moi, j’ai très vite senti qu’il y avait des décors, des choses à filmer et surtout des personnages fonctionnant comme des personnages de cinéma avec des objectifs, des désirs et des prises risques forts. Puis en rencontrant Kev – j’ai monté ses deux spectacles -, une équation s’est mise en place. Kev était parfait, on est parti sur l’idée de l’Everest… Tout s’est mis en place pour recréer un cadre assez simple permettant de faire la part belle aux personnages, à leurs actions, à ce qu’ils vivent plutôt que d’avoir un scénario tordu prenant de la place.

S’agissant de Kev Adams, on a le sentiment qu’il a enfin un rôle cohérent avec son âge !

Je vous remercie… Mais tellement ! On commence à présenter le film et les gens qui le voient sont surpris, épatés, enthousiasmés par ce qu’on voit de Kev. Je le connais depuis qu’il a 18 ans, j’ai mis en scène ses deux spectacles. Quand vous mettez en scène un one-man-show, vous passez beaucoup de temps tous les deux, il y a une intimité particulière qui se crée. Je connais l’homme derrière le clown. Je sais que c’est un bon acteur mais que c’est aussi ce personnage qu’il y a dans le film. C’est un rôle différent mais même temps c’est lui, avec ses blagues… C’est vraiment lui ! La maturité, c’est quand on est en adéquation avec son âge. Là, il l’est !

Et vous lui avez « adjoint » Vincent Elbaz. Pourquoi avez-vous pensé à ce duo ?

J’ai écrit le rôle pour le Kev, c’était la base. Pour le rôle en face, je ne l’écrivais pour personne. L’histoire de ce jeune homme et de ce mec de 45 ans, à deux doigts de se ranger des voitures, elle est un peu inspirée de ce que j’ai vécu avec Kev. Je pense que je lui ai apporté des choses et lui m’en apportées beaucoup ! Il m’a bousculé, donné envie de me lancer… J’ai 50 ans, je fais mon premier film… C’est rare les premières fois à 50 ans ! Après, j’ai très tôt pensé à Vincent. C’est un acteur physique et instinctif. Je savais qu’il pouvait incarner ça. Il a quelque chose qui est sportif, il n’est pas cérébral – on a beaucoup d’acteurs cérébraux -, ce n’est pas un humoriste et je n’en voulais pas deux ! Vincent a lu le scénario et deux heures après il m’a appelé… C’est la première fois que j’entends quelqu’un, au téléphone, qui a des étoiles dans les yeux !

L’un comme l’autre ont eu leur entraîneur, Kev pour le surf, Vincent pour le ski… A quel moment se sont-ils retrouvés dans la poudreuse ?

Ils ont fait du ski sur Chamonix. Je voulais faire un film très vrai, sans trucage… On arrange juste les plans comme les reflets dans les lunettes, une trace au fond parce qu’un rider passe une deuxième fois… Mais la chute dans la crevasse est une vraie chute dans une vraie crevasse, on a juste posé une plaque de polystyrène dessus. Tout est vrai… même la descente en surf sur l’herbe.

Tout tourner en décors naturels… Vous vous êtes imposé d’incroyables contraintes !

Oui, mais je m’en rends compte seulement maintenant !

Finalement, c’est vraiment le film d’un amoureux de la montagne et de ceux qui la chérissent… Dans le générique, les noms des riders sont mis au même niveau que ceux des acteurs… Ont-ils été faciles à convaincre ?

Oui et ce sont les meilleurs ! J’ai la chance de connaître Stéphane Dan qui notamment doublé James Bond ! Il est respecté dans le milieu de la glisse. On a pris les riders de Chamonix, ils ont tous accepté. Il y a quelque chose de familial dans cette vallée. Etonnement, j’ai essuyé très très peu de refus tant sur les acteurs que sur les techniciens.

Vous rendez également un bel hommage à Chamonix…

Cela fait 20 ans que je skie là-bas. Les pentes que vous voyez dans le film, je les ai faites… Je ne voulais parler que de ce que j’aime et de ce que je connais, le partager. J’aime cette vallée, ses gens, ce sport.

 

📷 : Pascal Tournaire

12 décembre 2017 0 réactions
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LUCIEN JEAN-BAPTISTE – INTERVIEW

LUCIEN JEAN-BAPTISTE – INTERVIEW

Près de huit années se sont écoulées depuis « La Première Étoile ». Aviez-vous déjà, à l’époque, en tête cette suite que le public réclamait ?

Non, pas du tout. Ce n’est parce qu’il y a « La Première Étoile » que l’on doit être obligé de faire « La Deuxième Étoile ». Je ne suis pas là-dedans. Moi, je raconte des histoires liées à des réflexions et des questionnements personnels. Le marketing ne prend pas le pas sur l’envie artistique. Je n’avais sincèrement pas envie de faire de suite, je n’aime pas ce mécanisme, ce côté un peu obligé. Après, il est vrai qu’il n’y a pas eu une semaine, un jour sans que l’on me demande « c’est quand la deuxième étoile » ? Là, on présente le film… Et les gens me parlent déjà de la troisième étoile ! C’est flatteur mais je ne veux pas mentir, faire un cinéma sincère et honnête. Mais il me faut d’abord une histoire, l’envie de raconter quelque chose.

C’était le cas sur « La Deuxième Étoile » ?

Oui, j’avais envie de parler de la difficulté de se réunir, aujourd’hui, en famille, de l’envahissement des écrans, des nouvelles configurations familiales, les problèmes… Tout ça n’est pas simple. Ce sont des choses que je vis à titre personnel, ayant trois enfants qui aiment bien le numérique ! Du coup, je me suis dit « avec qui je vais raconter ça » ? Tout simplement avec ma petite famille de cinéma et de là, « La Deuxième Étoile » est née.

Une petite famille que vous avez réussi à réunir au complet. Cela a-t-il été compliqué ?

Ça a été très simple parce que c’est une vraie famille ! Ils attendaient tous ! C’est marrant, finalement, ce que je vis avec tous ces comédiens, c’est vraiment une histoire de famille. J’ai appelé tout le monde en leur disant « voilà, est-ce que vous voulez repartir avec moi, à Noël, au ski ? » Tout le monde a dit oui ! Ça donnait vraiment la sensation d’appeler ses enfants, sa femme… Et après, ça devient compliqué quand la maman veut venir et le beau-père, avec qui j’ai peu de contact, que l’on est obligé d’emmener.

 

Un beau-père et grand-père, interprété par un magnifique Roland Giraud, qui fait enfin vraiment connaissance avec sa famille ! Avez-vous, d’entrée, imaginé ce rôle dans cette suite ?

Oui, on est parti de la base de « La Première Étoile » puis on a déroulé le fil. J’ai imaginé un beau-père qui n’avait pas dû apprécier, à l’époque, le fait que sa fille se marie. Et comme je le dis dans le film, le problème n’était pas la couleur de sa peau, je ne voulais pas faire un film où la couleur de peau était centrale. Simplement, ce père un peu rigide voulait un homme en marche ! (rires) Un chef de cordée et non un loser. Je pense que ça arrive dans beaucoup de famille où les pères ne sont pas toujours contents des choix de leurs enfants. Et c’est vrai que Roland est exceptionnel dans ce film !

Vous évoquez le loser, finalement, Jean-Gabriel n’est pas retombé dans ses travers… Mais on s’aperçoit aussi que l’embourgeoisement apporte son lot de problèmes et de tracas !

Bien sûr et je voulais par ça, ce sont des choses que je vis ! Quand j’étais petit, lorsque ma mère nous a dit qu’on allait partir au ski, nous étions tous heureux de découvrir les cimes enneigées. Et je vois aujourd’hui mes enfants, quand je leur dis que l’on va au ski, ils sont habitués à ça, ils savent que papa a un peu d’argent pour leur offrir des choses. C’est un autre rapport. Je me souviens aussi que, petit, on faisait tous des Noël en famille. De nos jours, pour réussir à se réunir, c’est toujours compliqué ! Il y a des gens qui détestent Noël parce qu’il y a une espèce d’obligation d’être ensemble, avec les cadeaux et tout ça… Je voulais parler de ça avec ce film.

Un film où il n’y a d’ailleurs pas de scène d’ouverture des cadeaux…

Non, j’ai passé cette étape. Aux Antilles, Noël, c’est la fête et toujours la fête !

 

La fête est en effet très présente mais, comme dans chacun de vos films où des messages de tolérances sont délivrés, on prend de grosses décharges émotionnelles…

En effet, même si je fais une comédie, s’il y a une situation touchante, émouvante, un drame… Je veux que les comédiens le jouent vraiment, c’est un peu ça la recette. Dans certaines comédies, on se dit que l’on ne doit pas aller au bout des émotions. Moi, je dis aux comédiens de le faire, on ne doit pas bâcler les phases touchantes. Parfois on me le reproche, mais je m’en fous. J’aime les bons sentiments et j’ai envie que les gens soient heureux et qu’en même temps, ils réfléchissent un petit peu.

Un des beaux moments du film est ce bel hommage que vous rendez à Bernadette Lafont avec une photo posée sur un meuble et un flash-back poignant. Certains l’auraient « remplacée », pas vous…

C’est vrai… On ne fait pas le même métier. Si je remplace Bernadette, c’est du commerce. Je ne fais pas du commerce, je fais des films avec des vrais gens et cette petite famille. C’est une vraie histoire, on retrouve cette famille neuf ans plus tard. Les enfants ont grandi…

… Il y en a même un quatrième !

… Qui a sûrement été conçu lors de la première étoile ! J’essaie de garder beaucoup de logique et de sincérité. C’est juste être sincère. Vous savez pourquoi je suis retourné aux Gets ? J’aurais pu être dans le concept la petite famille au ski, puis à la mer… Comme les Bronzés ! Nous sommes les vrais Bronzés ! Mais j’avais envie de retourner là où tout a démarré, il y a côté « proustien »… On revient, Bernadette a disparu… Dans le film aussi.

 

Les Gets, comme Morzine, qui, à la différence des usines à ski, sont des stations à taille humaine, ayant une dimension familiale…

C’est ça, je voulais une station qui soit à hauteur d’homme, familiale, qui ne soit pas totalement bétonnée et ultramoderne. Je voulais quelque chose d’humain. Et Morzine, c’est là qu’on est allé au ski la première fois, quand on était petit !

Pour revenir au film, une fois encore Firmine Richard est incroyable, en grande forme avec une entrée en matière tonitruante. Ce doit être une comédienne incroyable à diriger !

Firmine a le sens de la comédie. Même si elle jouait le bottin, elle serait drôle ! Et au-delà de ça, c’est un vrai personnage que l’on a aux Antilles. C’est la fameuse maman antillaise que j’ai pour de vrai. J’ai vraiment l’impression d’être avec ma mère quand je joue avec Firmine, ma mère étant une de mes sources d’inspiration.

Pour conclure sur un clin d’œil, il y a ce savoureux petit cochon, Jean-Marie…

Oui (rires). C’est mon p’tit con ! Chacun y voit ce qu’il veut là-dedans. Des Jean-Marie vont m’en vouloir. Ça me faisait marrer, ça ne va pas plus loin que ça ! J’avais envie de me marrer avec ça et c’est vrai que ça fait rire pas mal. A titre très personnel, tourner avec des cochons, c’est la dernière fois ! C’est très compliqué, il en a fallu trois… Le cochon fait un peu ce qu’il veut même s’il y a des dresseurs !

26 novembre 2017 0 réactions
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Lorraine Lévy – Interview

Lorraine Lévy – Interview

CED_1621📷 : Cédric Jacquot

La réalisatrice était à l’UGC Ciné Cité de Ludres, ce lundi soir, en compagnie d’Omar Sy, Alex Lutz et Rufus. Entretien avec Lorraine Lévy qui vient présenter en avant-première « Knock ».

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter une nouvelle fois « Knock ou le Triomphe de la médecine », la pièce de Jules Romains ?

L’adapter une nouvelle fois… C’est un tout petit peu en décalage avec mes intentions. La dernière remonte à 1951, avec l’immense Louis Jouvet. C’était vraiment du théâtre filmé respectant absolument la pièce alors que moi, je suis partie un peu ailleurs, c’est une libre adaptation. En cela, c’est une proposition différente et nouvelle, avec un passé, un présent, un avenir pour Knock… Avec toute une galerie de personnages autour et des aspérités nouvelles. Avec l’accord des éditions Gallimard et des ayants droit de Jules Romains, je me suis emparée de la pièce qui a été comme un point de départ pour une autre proposition.

Lorsque vous vous êtes attaquée à l’écriture du film, aviez-vous déjà Omar Sy en tête ?

Il est venu en cours d’écriture. C’est un projet qui m’habite depuis très longtemps. Je crois que tout a démarré il y a huit ans avec un producteur qui était venu à moi et qui m’avait proposé de faire ce travail. Et quand j’ai commencé à travailler, il s’est désintéressé du projet mais moi, j’étais mordue. Du coup, j’ai continué et travaillé longtemps toute seule. Et en cours d’écriture, Omar m’est apparu comme une évidence. Il incarnait la modernité, le charisme et la solarité que je voulais proposer. Le Knock voulu par Jules Romains en 1923 était extrêmement austère, dur, rugueux… Empreint de cruauté. Moi, je voulais l’emmener ailleurs avec une réflexion sous-jacente différente… Interroger, à travers Knock, sur le rôle de l’étranger dans la cité.

KNOCK_00958946Un Knock à la fois filou, tendre, dévoué… Incarné par un impressionnant Omar Sy…

Il reste le personnage qui met en pratique une méthode peu scrupuleuse pour s’enrichir aux dépens d’une population qu’il gruge. Chez Jules Romains, c’est fait sans tendresse et avec une dureté folle. Chez moi, le personnage est un filou mais il y a une tendresse sous-jacente pour chacun des personnages.

Une galerie de personnages impressionnante avec Hélène Vincent, Sabine Azéma, Ana Girardot, Audrey Dana, Alex Lutz, Rufus, Pascal Elbé, Christian Hecq… En fait, pour chacun des personnages, on n’imagine pas un autre comédien… Là aussi, comment vous sont-ils venus à l’esprit ?

C’est un magnifique compliment pour eux, pour moi, pour nous tous… C’est vrai qu’il y a une adéquation parfaite entre la troupe que nous formions et le film dans sa globalité. Et quand je dis troupe, je pense aux acteurs, mais aussi aux techniciens. Les acteurs, je les ai eus en tête, pour certains, dès le début de l’écriture comme Christian Hecq… Cet homme est un génie ! Il a une nature qui collait à ce que je voulais faire. Sa poésie naturelle servait exactement le facteur que je voulais. Ce gars qui lit, avec la bénédiction de tous, le courrier qu’il distribue parce qu’il est responsable des nouvelles qu’il apporte ! Après, c’est vrai, tous les personnages de ce village ont un grain, ils sont un peu barrés ! Il me fallait de grands acteurs pouvant nourrir de leur propre univers la fantaisie que je leur proposais.

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Ce grain, finalement, est la seule maladie qu’ils ont tous !

Oui ! C’est vrai que ça me plaisait, parfois, d’oser le burlesque que j’ai découvert gamine avec Buster Keaton. J’adore ça ! Surtout quand les personnages ont une faconde et que l’acteur qui l’incarne s’y amuse. Hélène Vincent est formidable dans le rôle de cette petite veuve qui serait une Madame Bovary n’ayant jamais rencontré son Rodolphe !

L’une des forces de Knock est de cerner très vite comment fonctionne ce village où, dans les années 50, le maire, le curé, le facteur et donc le médecin créaient du lien et avaient toujours raison. Il s’en sert d’ailleurs en faisant croire au personnage de Pascal Elbé qu’il va mourir… d’une simple diarrhée !

C’est vrai que Knock se venge en faisant passer ça pour une dysenterie possible, c’est une vengeance bon enfant mais néanmoins assez efficace ! Je voulais ramener Knock à notre modernité mais je ne pouvais pas situer l’action dans les années 2000… Aujourd’hui, avec internet, on a des réponses avant même de se poser des questions ! Le plus proche que je pouvais faire était ces années-là qui m’apportaient, visuellement, une esthétique convenant à mon propos. Du coup, il était intéressant de situer le film dans les années 50 en lui donnant une modernité actuelle.

Cette ambiance, avec notamment ses vieilles voitures, a-t-elle été compliquée à reconstituer ?

D’abord, Françoise Dupertuis est une grande chef-déco ! Ensuite, on a beaucoup travaillé avec des décors les plus naturels possible, dans leur jus, comme on dit. On a trouvé Châtillon-en-Diois, un village extraordinaire et on a tourné dans la région Rhône-Alpes dans des décors fabuleux. Après, avec son grand talent, Françoise a habillé ces décors.

Vous parlez de modernité, on remarque de nombreux clins d’œil tout au long du film comme l’expression « travailler plus pour gagner plus » ou encore « le bouclier médical » qui fait évidemment penser au bouclier fiscal…

Exact. Il y en a plein. Il y a aussi « il n’a qu’un seul défaut, sa femme » et même « en marche » ! Ce sont des petits clins d’œil et quand on les relève, c’est drôle. Ce sont des petits gadgets mais on s’est amusé à les faire. Je crois que le film repose aussi beaucoup sur la qualité de jeu d’Omar. Il le dit lui-même, c’est la première fois qu’il a dû aller vers un personnage. Il a beaucoup travaillé, et pas seulement sur le texte mais aussi sur la démarche, le phrasé. Il fait un énorme travail de fond. Il a une carrure et une stature qui impressionnent le public. Le public est heureux, il rit et est impressionné par Omar.

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Il a été difficile à convaincre ?

Pas tant que ça. Ça a pris du temps parce que l’on s’est approché, apprivoisé et qu’il a un emploi du temps chargé ! Ne connaissant pas Knock, il a été d’abord intrigué, et donc vierge de tout préjugé, puis vraiment intéressé ensuite.

 

KNOCK- (c) Christine Tamalet

8 octobre 2017 0 réactions
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Maxime Govare : Interview

Maxime Govare : Interview

« La période Laurence Arné a débuté »

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Comment vous est venue l’idée du profil « d’adulescent » poussé à l’extrême par un Vincent Elbaz s’improvisant en nounou ?

Je n’ai pas encore d’enfant mais des amis qui en ont. Je me retrouve de plus en plus entouré de petites créatures. Du coup, j’ai une vision un peu particulière, un peu théorique des choses. Et il y a ce truc qui m’amusait vraiment, tourner avec des enfants ! Cet univers particuliers avec des petits extraterrestres. Ces créatures un peu étranges et extrêmement attachantes, me fascinaient. J’avais très envie de me confronter à ça.

Comment se sont passés le casting et le tournage ? Les enfants sont incroyables. Ils ont chacun un rôle à part entière…

Absolument ! Les héros du film sont aussi des enfants de 3 ans et demi. Nous avons lancé le casting, avec une directrice spécialisée qui castait, avant, les parents pour vérifier que ce n’étaient pas eux qui poussaient les enfants. Du coup, les parents qui les poussaient trop, même si les enfants étaient super, on les éliminait. On a gardé ceux qui avaient une envie vraiment débordante. On a découvert encore plus leur personnalité durant le tournage. Ils ne jouent pas, « ils sont » ! Les acteurs étaient admiratifs et en même temps, c’était un vrai challenge pour eux, ils devaient être bons à n’importe quel moment. Avec les enfants, on ne sait jamais ce qu’il va se passer ! Parfois, on laissait tourner la caméra durant un quart d’heure.

Comment s’est passée la cohabitation avec Vincent Elbaz ?

Il a été formidable. Il a drivé les enfants, il a été tous les jours sur le plateau avec eux. Ils étaient fascinés, ils avaient l’impression d’avoir un autre enfant avec eux… Un enfant de 1,90 m ! Cet adulte leur parlait de façon telle qu’il s’est créé une connexion. Les enfants ont vu le film la semaine dernière, ils ont sauté dans les bras de Vincent qu’ils n’avaient pas vu depuis quelques mois. C’était vraiment touchant.

Au milieu de tout ça, on a le personnage de Maud, la femme de Vincent Elbaz jouée par Laurence Arné, qui veut un mari plus mature pour une autre vie… Et finalement, on s’aperçoit qu’elle veut être ce qu’elle n’est pas !

Exactement ! C’est un couple contemporain. L’âge auquel l’on fait des enfants a beaucoup reculé. Du coup, ils ont passé 7,8… 10 ans seuls à deux et quand elle se dit que c’est le moment pour elle de faire des enfants, elle réalise que la personne avec laquelle elle vit n’est pas adulte et que l’’on ne fait pas un enfant avec un enfant. L’idée du film était de résoudre quelque chose de simple : on devient adulte le jour où l’on a des enfants, et pas l’inverse, on n’a pas besoin de devenir adulte pour avoir des enfants.

Laurence Arné Photo JEAN-CLAUDE LOTHER

Laurence Arné
Photo JEAN-CLAUDE LOTHER

D’autant que dans leur histoire, c’est « l’adulescent » qui l’inspire et qui l’a amenée là où elle est dans sa carrière, finalement…

C’est ça. C’est, quelque part, un peu sa muse et, en même temps, ils n’ont pas besoin d’être identiques, d’être tous les deux carrés et sérieux. Ils ont juste besoin d’être complémentaires. D’habitude, les personnages évoluent, changent. Là, le personnage de Vincent reste fidèle à lui-même et sa femme se rend compte qu’elle n’a pas besoin de le faire changer, elle l’aime avec ses qualités et ses défauts.

Des qualités et des défauts avec lesquels les seconds rôles entourant le couple doivent composer…

Oui, on a Jean-François Cayrey, qui joue le pote avocat de Vincent, qui est à la fois effrayé et totalement admiratif devant ce type qui est fou mais heureux alors que lui a peur de tout. Le personnage de Grégory Fitoussi est une sorte de sosie de Vincent Elbaz, en version propre sur elle et ennuyeuse. Il est très amoureux mais il n’est pas rock. Pour Laurence, la raison voudrait qu’elle choisisse Greg, mais son cœur opte pour Vincent. C’était important d’avoir des alternatives à son personnage pour montrer à quel point, malgré ses défauts, son personnage est rock et rebelle.

Un personnage envers lequel Grégory fait preuve de patience et de bienveillance… Comme avec ses enfants…

Absolument ! Et on trouvait original plutôt que d’avoir, comme d’habitude, un conflit entre ces deux personnes.

Et on a Jean-François Cayrey face à cet ami vivant la vie qu’il rêve d’avoir…

Oui et au final, tout le monde est un peu jaloux du personnage de Vincent ! Un personnage que les seconds rôles font exister. Après, il était primordial d’avoir une vraie alchimie entre Laurence Arné et Vincent Elbaz, ce qui a été le cas.

Laurence Arné est à la fois drôle et touchante… Elle est superbe et capable de sortir les pires choses !

Elle est formidable ! J’étais avec elle ces jours-ci… Elle a le premier rôle, avec Dany Boon, dans la suite des « Ch’tis », je la regardais et j’avais l’impression d’avoir Cameron Diaz ! Elle est à la fois très drôle et très belle, capable d’être très énergique et sympathique. On peut lui faire dire les pires choses sans qu’elle ait l’air méchante… La période Laurence Arné a débuté !

Vincent Elbaz Photo JEAN-CLAUDE LOTHER

Vincent Elbaz
Photo JEAN-CLAUDE LOTHER

8 octobre 2017 0 réactions
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Interview croisée de Tarek Boudali et Philippe Lacheau

Interview croisée de Tarek Boudali et Philippe Lacheau

Quand Philippe Lacheau & Tarek Boudali se lâchent !

Interview croisée déjantée des deux potes qui ont donné un sérieux coup de jeune au cinéma français… Sans se prendre la tête… La preuve à l’occasion de leur passage pour présenter le film de Tarek Boudali « Épouse-moi mon Pote » qui sortira le 25 octobre.

Qu’est ce qui t’agace chez lui ?

Philippe Lacheau : parfois ses photos Instagram ! Des fois, il se prend en photo devant le miroir, ça c’est énervant ! Et des fois, il se filme torse-nu en train de faire de la musculation, c’est énervant aussi ! Mais personne n’ose lui dire !

Tarek Boudali : il fait attention à tout ! Genre il faut qu’il dorme à 10h du soir sinon il n’aura pas ses neuf heures de sommeil, faut pas qu’il mange de gras sauf le week-end où il a le droit à une pâtisserie… Il fait attention à ses muscles… Il est chiant en fait ! Les gens pensent qu’il est drôle dans la vie de tous les jours alors qu’il est chiant ! Je plains sa copine, ça doit être invivable de se dire « bon allez, il est 10h du soir, je vais au lit ! » On dirait un petit pépé quoi !

Ce que tu lui envies ?

Philippe Lacheau : ce que je lui envie… Son amitié avec moi ! Ça doit être super d’être copain avec moi et moi, je ne peux pas le savoir !

Tarek Boudali : ah ben non, rien ! Moi, je bouffe des pâtisseries tous les jours… Je vis quoi !

Sa qualité, en un mot, une expression ?

Philippe Lacheau :d’être un de mes potes ! Et il joue bien au foot, et ça c’est vrai ! Il a arrêté parce qu’il s’était cassé la cheville. C’était un très bon joueur de foot. Il court très vite, ça ne sert à rien… On a des voitures maintenant, quand on était jeune, on n’en avait pas… Donc ça sert à rien mais il court très vite !

Tarek Boudali : il est drôle malgré-lui !

Et son défaut ?

Philippe Lacheau : son défaut ? Écoute… S’il en avait qu’un… C’est ça le problème ! Il joue très mal au tennis et à Mario Kart, c’est une brêle !

Tarek Boudali : il est chiant !

Un mot, une phrase pour le définir, le résumer ?

Philippe Lacheau : Vélociraptor !

Tarek Boudali : à la recherche de la perfection !

Te souviens-tu de votre première rencontre ?

Philippe Lacheau : ouais, je m’en souviens très bien. C’était dans un resto chinois et c’était notre pote Julien Arruti qui nous avait présenté. Je me souviens de lui parce que Tarek n’avait rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui. C’est-à-dire qu’aujourd’hui il a un petit « staïle », il se fait beau gosse, il prend soin de lui… Alors que ce n’était pas ça du tout ! Tarek, quand je l’ai rencontré, c’était un geek. Il mettait des pantalons qui remontaient jusqu’au-dessus du nombril et i mettait des t-shirts larges qui arrivaient aux genoux. Il avait de cheveux, ça faisait comme une choucha et il était là, tout bien rasé et tout… A l’époque, il ne faisait pas de sport, pas de musculation, il était tout maigre ! C’est le genre Screetch, dans « Sauvés par le Gong »… Tarek c’était Screetch ! Il y a eu une transformation physique… Voire un miracle, il s’est passé un truc !

Tarek Boudali : c’était dans un restaurant chinois, à l’époque où j’étais en BTS et on avait le même envie de faire de la télé, du cinéma, de faire rire les gens. Il m’a dit qu’il était pote avec Philippe Lacheau et que du coup, lui aussi avait la même envie, que ce serait cool qu’on se rencontre, qu’on se fasse un resto… Que ça matcherait entre nous…

Quelque-chose que tu ne lui as jamais dit ?

Philippe Lacheau : c’est une bonne question ça… On se dit tellement tout, on se connaît tellement bien… On ne s’est jamais fâché, on se dit tout, et quand il nous arrive de belles choses, ce n’est évident de se dire que l’on s’aime en amitié… Je sais que l’on se l’est déjà dit… Artistiquement, quand il y a un truc qui va un peu moins bien, on se le dit… Je crois qu’il n’y a rien que je ne lui ai jamais dit.

Tarek Boudali : que je l’aime !

Te souviens-tu de votre première télé ensemble ?

Philippe Lacheau : oui, en fait, on faisait des sketches sur Canal+. Je travaillais chez Karl Zéro et Tarek m’a rejoint après dans « La Cave à l’Info ». Je me souviens de la première fois où Tarek avait du texte à dire, une phrase tout bête, il transpirait, il était en panique. Quand je le vois aujourd’hui, qu’il réalise son film… C’est génial, c’est magique ! Je suis vraiment fier de tout ce qui lui arrive.

Tarek Boudali : eux, avaient fait quelques trucs ensemble, sur Fun TV il me semble, et moi, je les ai rejoints sur Canal+ où Philippe avait proposé un concept, « La Cave à l’Info ». Ils m’ont demandé si je voulais venir avec eux sur le projet, j’ai accepté. C’était ma toute première apparition, je n’ai pas dormi de la nuit ! C’était un rêve !

La première où vous vous êtes vus tous les deux sur un écran au cinéma ?

Philippe Lacheau : c’était une apparition dans « L’Arnacoeur », qui est pour moi la meilleure comédie romantique de tous les temps, on avait des tout-petits rôles. Il y avait Julien également dans le film. Je me souviens de la première projo, à Paris, où c’était la première fois que l’on voyait nos tronches à l’écran au cinéma… Et ce voir dans ce film, aussi bien, la première fois, c’était un moment vraiment particulier, très émouvant, très touchant et vraiment kiffant ! Et on était vraiment très fier parce qu’après on avait nos fiche sur Allociné. Tarek, il y avait écrit « le gars de l’hôtel », moi c’était écrit « le compagnon de machin »… Il n’y a que Julien que l’on n’arrivait pas à trouver… En fait, ils s’étaient gouré de nom et l’avaient appelé Augustin Barrutia ! On n’a jamais su pourquoi, on était morts de rire ! Et c’est pour ça que dans « Alibi.com », le personnage de Julien s’appelle Augustin, en hommage à Augustin Barrutia, même si on ne sait pas qui c’est !

Tarek Boudali : c’était « L’Arnacoeur ». Mes deux premiers films, « L’Arnacoeur » et « L’Italien », je les ai tournés en même temps. Dans « L’Arnacoeur », il y a avait Julien, Philippe et moi pour des petites apparitions. Ça m’a fait bizarre… Tous les comédiens détestent se regarder. Je déteste me regarder à l’époque à la télé alors là, tu te vois en plus grand tu te dis « oh là là, je suis encore plus moche ! » Tu dis que tu es moche, que tu ne sais pas jouer… Que tu as tous les défauts du monde, en fait !

25 septembre 2017 0 réactions
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Nicolas Vanier : « Un hymne à la Sologne que j’aime »

Nicolas Vanier : « Un hymne à la Sologne que j’aime »

« Un hymne à la Sologne que j’aime »

Nicolas Vanier : « Un hymne à la Sologne que j’aime »

Entretien avec Nicolas Vanier qui a présenté, en avant-première, « L’Ecole Buissonnière » à l’UGC Ciné-Cité de Ludres.

Entre l’histoire et les images époustouflantes, dans lesquelles la nature est en « vedette » et auxquelles, une fois encore, vous avez apporté un soin particulier, comment s’est passé le tournage en Sologne ?

Ça a été difficile mais surtout passionnant ! J’ai grandi en Sologne, c’est ma terre, c’est mon pays… J’ai peut-être attaché un soin encore plus particulier, par rapport aux autres films, pour être proche de ce que j’aime. Faire un hymne à cette Sologne que j’aime. J’ai une profonde connaissance de ce territoire, des animaux… J’ai aussi, au fur et à mesure de ces projets où l’on a filmé la nature, identifié des équipes et des gens sachant faire preuve d’humilité, de patience et de talent pour la filmer. En y ajoutant un peu chance – avec une belle météo -, j’ai pu peindre les tableaux que je désirais faire de cette belle Sologne.

Des tableaux dans lesquels prennent place des personnages, comme celui de Totoche, interprété par François Cluzet, habitant dans cette drôle de maison… Ce braconnier marginal, mais aussi véritable bricoleur et terriblement humain…

C’est un amoureux de la forêt, tout de même assez cultivé, qui a un côté Alexandre le Bienheureux, un peu à part. C’est un cadeau extraordinaire que m’a fait François en acceptant ce rôle. Je trouvais qu’il collait parfaitement pour interpréter ce personnage rugueux, antipathique et difficile au début du film et dont on s’aperçoit, en grattant un peu, qu’il est tendre, plein de générosité, avec ce regard tendre qu’il porte sur cet enfant à qui il transmet, finalement, tout ce qui se serait perdu s’il était resté seul.

On retrouve ces traits dans le personnage du comte, joué par François Berléand, dont la carapace se fissure au fur et mesure que l’on avance dans le film… Et là aussi, c’est le jeune Paul, campé par Jean Scandel, qui fait qu’elle se brise…

Oui, le petit garçon grandit intérieurement au fil de l’histoire qu’il traverse mais il fait surtout grandir les autres. C’est en cela que l’histoire me plaisait et qu’elle a aussi séduit les deux François,  Eric et Valérie.

Eric Elmosnino est lui aussi bluffant avec son personnage de Borel, une ‘’peau de vache’’ qui fait finalement preuve d’une belle humanité…

C’est tout le talent d’Eric, cet acteur exceptionnel que l’on connaît, qui a su faire de Borel quelqu’un à la limite du burlesque, un peu bourru dans sa façon d’être et ses choix. Il va grandir, comme les autres, au contact de ce gamin, qui est au cœur d’un secret bien gardé et va séduire tout le monde.

Ce monde au milieu duquel Célestine, tendre et forte, interprétée par une incroyable Valérie Karsenti, fait office de lien… Elle qui est la seule à connaître le secret du jeune Paul...

J’ai effectivement trouvé la prestation de Valérie incroyable. Elle est toujours extrêmement juste, très émouvante, avec des petits riens très subtils dans son jeu. C’est une vraie révélation car ce n’est pas celle que l’on connaît. Elle est vraiment bluffante, elle apporte énormément à l’émotion.

Elle qui se rend compte, finalement, que le comte a un côté très rock’n’roll… Un peu réac avec ces gitans qu’il accueille sur son domaine…

Oui, il a ce côté qu’ont souvent ces personnes engluées dans leur fonction, dans ce qu’elles sont, dans leur histoire avec le poids de la tradition et la religion… Des contraintes énormes qui l’ont empêché d’être ce qu’il aurait voulu être. C’est-à-dire partir danser avec une gitane. Ça transpire à travers son regard et son attachement qu’il porte sur ces gitans auxquels il finit par donner un bout de son territoire. C’est quelque chose que j’ai ressenti très fortement. Aujourd’hui, en Sologne, il y a quelques vieilles familles et des personnages englués dans ce qu’elles leur ont laissé.

Si votre film est un véritable hymne à la Nature, et à ses codes, c’est aussi un plaidoyer pour un retour aux fondamentaux, à une vie saine et simple…

J’ai vraiment la sensation qu’en une dizaine d’années, le monde s’est emballé, on a été très vite. Et comme quelqu’un partant précipitamment de chez lui, il en vient à oublier les choses essentielles. Cette sensation-là que j’ai aujourd’hui vis-à-vis de l’humanité, qui, dans bien des pays, est partie dans une accélération exponentielle. C’est vrai que ça fait du bien de renouer avec cette période où il y avait de la solidarité, de vraies valeurs de transmission d’une génération à une autre, de respect et surtout une très grande reconnaissance vis-à-vis de cette nature qui nous donne tout. Maintenant, on fait dire aux enfants que le lait vient du magasin ! Ça fait effectivement du bien, c’est le message que j’essaie de faire passer avec cette histoire à travers ce personnage… Cette reconnaissance que nous devrions tous avoir pour la Nature qui nous donne tout.

Vous évoquiez le respect de la nature et de la transmission… Finalement, celui qui ne la respecte pas c’est le fils du comte et s’agissant de la transmission, la scène de la chevalière, trop grande pour lui, illustre parfaitement qu’il n’est pas de taille…

Pour la petite histoire, ce moment-là n’était pas facile à filmer pour qu’il soit juste. Effectivement, il y a quelques moments assez symboliques dans le film comme un plan que personnellement j’adore, peut-être celui que je préfère, celui de François, à la fin, qui est filmé avec le château en fond et qui sonne. C’est très émouvant. Il y a pas mal de petits symboles comme ça que l’on peut lire et relire.

 

1 septembre 2017 0 réactions
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David et Stéphane Foenkinos – Interview

David et Stéphane Foenkinos – Interview

« Des personnages au caractère fort »

Entretien avec David et Stéphane Foenkinos venus présenter « Jalouse » à l’UGC Ciné-Cité à Ludres.

Vous vous attaquez au thème de la jalousie… Une jalousie sous toutes ses formes ne se limitant pas qu’à la rivalité mère-fille, même si elle constitue la trame du film. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

C’est vrai que le point de départ était la jalousie mère-fille. On trouvait que c’était un thème très fort et assez peu traité au cinéma. Et progressivement, on a voulu élargir et montrer le mal-être de cette femme qui, à un moment donné, ne se supporte plus elle-même… Donc, elle ne supporte plus les autres. Puis, ce qui nous intéressait également, après « La Délicatesse », c’était de faire un nouveau portrait de femme à un moment compliqué de sa vie. Là, on a changé de génération en passant d’Audrey Tautou, qui, au moment de « La Délicatesse, avait une trentaine d’années, là on est avec une femme de 50 ans. Un moment difficile, un cap à passer qui a, en même temps, un fort potentiel comique puisque qu’elle va devenir malveillante, qu’elle ne va plus se contrôler. Elle va agir contre elle-même. Et comme on a écrit le rôle pour Karin Viard, on savait qu’elle allait apporter toute sa puissance de comédie, capable de faire les pires horreurs mais que l’on aime quand même.

Karin Viard qui incarne, qui personnifie la jalousie…

Oui… Même si elle dit « Moi, jalouse ? Non ! » Elle se défend de ça parce qu’elle n’est pas que jalouse !

C’est un peu comme le cocu… Tout le monde le sait, le voit… Sauf lui !

Ça vous appartient… Mais c’est un très bon parallèle ! (rires) Ce qui est sûr c’est qu’elle est dans le déni. C’est une femme qui a été aimée, respectée, qui est belle, qui a eu une vie épanouissante et elle est subitement plongée dans cette crise à ce moment de sa vie. L’éclosion de sa fille lui fait un choc aussi. Elle n’est pas dans la jalousie, la malveillance. Elle le dit elle-même « j’agis par impulsions et après je regrette »… Elle est dans le déni parce qu’elle ne comprend pas elle-même. Elle est soumise à son corps, à des pulsions… Elle ne prémédite jamais ce qu’elle fait, ce qui permet la comédie.

Le pire dans cette histoire est que le personnage de Nathalie, joué par Karin Viard, n’est entouré que de personnes qui lui veulent du bien…

C’est aussi de là que vient la comédie. Souvent quand on est dur et malveillant avec des êtres pas très agréables, on se dit que c’est normal. Mais quand elle s’attaque, comme vous dites, à des gens qui veulent la comprendre, c’est encore pire.

On a également beaucoup de tendresse pour la belle-mère, incarnée par Marie-Julie Baup, de sa fille Mathilde qui, finalement n’est pas si naïve que ça, loin de là. Elle comprend ce qui se passe et fait tout pour que le lien mère-fille ne brise pas !

C’est exactement ce qu’on a voulu faire. C’est-à-dire un vrai personnage de comédie, complètement décalé, incapable de savoir si elle est au premier ou au second degré. Et progressivement, en s’approchant d’elle, en la comprenant mieux, on voit toute sa douceur, sa bienveillance… C’est quelqu’un qui pense aux autres. Elle très pragmatique et a du bon sens.

Du bon sens qui fait qu’elle voit la première que Karin Viard est en train de s’isoler…

Tout à fait, c’est la première qui voit ça. Et c’est elle qui pense à « Casse-Noisettes ». C’est une actrice qu’on aime profondément, une actrice de comédie extraordinaire, très connue au théâtre et trop peu utilisée au cinéma. C’est vrai que ce rôle a été écrit sur elle, c’est du sur-mesure. On est heureux que les premiers retours soient positifs, ça nous fait plaisir que vous nous parliez d’elle, c’est vraiment une actrice étonnante.

Parmi les personnages du film, on retrouve également cette jeune prof de 28 ans, incarnée par Anaïs Demoustier, et qui dit ses quatre vérités à Karin Viard…

C’est vrai qu’elle s’est retrouvée immédiatement dans un face-à-face avec Karin… Elle lui fait voir son miroir, comme un vrai pendant de ce qu’elle a pu être. Elle lui dit, « vous étiez comme moi à mon âge ». Ça nous permet d’avoir un reflet de qui a pu être Nathalie. Une femme bienveillante, qui aime ses élèves. On avait envie, pour les seconds rôles, d’avoir des personnages au caractère fort comme Anne Dorval, également. Et c’est vrai qu’Anaïs fait cinq scènes mais on les a bien toutes en mémoires.

Vous évoquez Anne Dorval qui joue le rôle d’une amie… Une amie qui encaisse tout, qui prend comme elle, comme son mari d’ailleurs ! Les deux soutiennent Nathalie qui, finalement a besoin de toucher le fond pour remonter…

Exactement. On a cette amie qui, avec son mari, se demande comment on agit face à quelqu’un qui devient extrêmement malveillant. Ils sont très déstabilisés et ils vont, finalement, essayer de l’aider. C’est un vrai sujet... L’amitié quand les proches dérapent… Ils vont très loin finalement, Nathalie ne ménage vraiment pas son amie !

Finalement, l’amitié ne donne pas forcément les armes pour sortir les gens de l’enfermement dans lequel ils sont…

Oui et de toute façon il y a une volonté de sabordage chez Nathalie… Un peu comme si elle avait du poison en elle.

Pour conclure, vous serez donc ce jeudi, à Nancy… Une ville qui vous a porté bonheur…

David : j’ai vécu des choses extraordinaires à Nancy. Si je devais en citer une ou deux, il y a ce moment fabuleux avec Françoise Rossinot, au Livre sur la Place, qui m’a invité à l’Opéra. C’est la plus belle rencontre littéraire que j’ai pu faire, devant 1.200 personnes, c’est inoubliable. Et puis, il y a un autre moment très fort… Pour le livre sur lequel j’ai travaillé pendant 10 ans, « Charlotte », la première rencontre était à Nancy. On avait fait une grande lecture avec Elsa Zylberstein, dans les grands salons de l’hôtel de ville. Et c’est vrai que ça m’a porté chance, ça a été le début d’une aventure extraordinaire ! C’est une ville où j’ai des souvenirs très importants. Et notre première vraie date de tournée pour le film est à Nancy !

 

30 août 2017 0 réactions
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Michel Hazanavicius – Interview

Michel Hazanavicius – Interview

« C’est un film accessible ! »

Entretien avec Michel Hazanavicius qui présente, accompagné de Louis Garrel, « Le Redoutable », son film sur Jean-Luc Godard ce mardi soir à l’UGC Ciné-Cité de Ludres et au Caméo Saint-Sébastien.

Alors qu’elle l’a refusée à d’autres réalisateurs, comment avez-vous réussi à convaincre Anne Wiazemsky, l’ex-femme de Jean-Luc Godard, de vous laisser adapter son livre « Un An après » ?

En fait, c’est le mot « marrant » qui l’a décidé. Après qu’elle m’a refusé l’adaptation, au moment de raccrocher, je lui dis « c’est dommage, je trouve vos roman hyper marrants ». Et là, il s’est passé quelque chose et l’idée d’une comédie l’a séduite.

Du coup, pourquoi Louis Garrel, - impressionnant et habité par le personnage - pour interpréter Godard ?

Le choix de Louis Garrel m’a semblé évident dès le début justement pour ça. Il est un peu l’héritier d’un certain esprit de la Nouvelle vague et pour moi, c’était une « matière » plus simple, plus évidente à travailler. Cet esprit-là, je ne pouvais pas le faire fabriquer par un acteur, il y avait quelque chose qui, intrinsèquement, faisait partie du charme de Louis Garrel que je pensais complètement compatible avec le charme du personnage que je voulais avoir. Et en plus, c’est un très bon acteur ! J’aimais bien l’idée de l’emmener dans une comédie populaire.

Quant au choix de Stacy Martin, qui joue le rôle d’Anne Wiazemsky… Là aussi, l’aviez-vous en tête ?

Non… Quand j’ai écrit le rôle de Godard, je n’avais pas Louis en tête, mais Godard et son phrasé particulier, ses fulgurances, sa capacité à jouer sur les mots… Le personnage de Stacy est un peu plus en retrait. Elle a 20 ans de moins, elle est plus observatrice. Là, j’ai essayé de construire un personnage mais je n’avais pas Stacy en tête. J’avais même commencé à faire des lectures avec une actrice plus jeune. Et en fait, quand j’ai commencé à faire le casting, j’en ai parlé avec Bérénice, qui avait tourné avec Stacy, qui m’a dit « tu devrais la voir » et là, ça m’a semblé évident. C’est à la fois une très bonne actrice et une très belle fille. Comme il y a quelques scènes de nudité, il me fallait quelqu’un qui n’ait aucun problème, aucun malaise avec ça. C’était extrêmement important. Et puis elle a ce visage à la fois totalement pop, dans l’époque, et en même temps une espèce de gravité. Exactement le type d’équilibre que je cherchais pour le film.

Au fil du film, on a le sentiment d’avoir affaire à un Godard tiraillé, prisonnier de son embourgeoisement et son côté révolutionnaire… On est en 1968, il va manifester et on le retrouve ensuite dans une brasserie plutôt chic…

Effectivement, c’est un des nombreux paradoxes que révèle le film. Il joue systématiquement sur des contraires en essayant de trouver des équilibres… Le personnage à la fois bourgeois et révolutionnaire, mais il est aussi à la fois hyper théorique et très sentimental, drôle mais en même temps triste, hyper amoureux mais aussi hyper froid… A la fois généreux et mesquin… C’est un personnage - l’expression est toute pourrie – haut en couleur. Tout est exacerbé ! Donc oui, c’est un personnage qui est complètement paradoxal.

Voire maladroit… On a l’impression que, pour exprimer son amour, il a besoin d’être odieux…

Sur ce truc-là, il me fait penser au scorpion de la fable avec la grenouille. Elle fait traverser un scorpion, elle lui fait traverser une rivière et au milieu, il la pique et meurent tous les deux… Il ne peut pas faire autrement… Ils s’enferment. Après, je ne parle pas du vrai Jean-Luc Godard, je parle de celui que j’ai écrit. Ce Jean-Luc-là est prisonnier de ses dogmes qui l’amènent à être très destructeur. Mais c’était important pour moi de traiter ça de manière très joyeuse, très ludique avec vraiment de la comédie, des effets burlesques, des dialogues savoureux…

On découvre aussi ses lubies comme ses lunettes ou encore ses chaussures…

En fait, le cinéma de Godard est très distancié. Ce n’est pas un cinéma classique avec une identification au personnage comme ça a pu l’être chez Truffaut de qui il était très proche. Là, le film joue toujours sur cette mise à distance et la mise à distance permet la comédie. Ce n’est pas forcément des lubies mais le film s’amuse avec la figure de Godard. Il en fait un personnage, il en fait un être humain. Et c’est vrai que la révolution est dure pour les myopes… Il y a tout un truc logistique, quand on veut faire la révolution, qui n’est pas évident ! Le film s’amuse avec la statue du commandeur que peut représenter Godard et le truc trivial et concret de la vie de tous les jours.

Comme dans la scène du restaurant où il a un échange tendu avec Jean-Pierre Mocky et où il traite sa femme de pu… Et Bérénice lui dit « elle a 70 ans ! » Et lui, réponde, « je ne la vois pas »…

Oui mais ça, c’est de la mauvaise foi totale ! Tous les révolutionnaires ont besoin d’être de mauvaise foi. Quand on commence à parler politique, on a intérêt à être armé de mauvaise foi… Et quand on veut réaliser un film, la mauvaise foi est une qualité intrinsèque au réalisateur.

Même s’il est toujours difficile de comparer le travail des réalisateurs qui ont chacun leur univers et leur façon de travailler, là, parfois, on perçoit une pointe de Tarantino… Notamment avec les chapitres, des apartés…

Il y a pire comme comparaison ! Je le prends extrêmement bien, je suis plutôt flatté par une comparaison comme celle-là ! Après, je ne suis pas arrivé chargé de Tarantino dans la poche. L’inspiration est plutôt sur des motifs Godardiens. Les chapitres viennent d’un film de Godard qui s’appelle « Vivre sa vie ». Mais j’ai remarqué que, en ce moment, beaucoup de films étaient chapitrés. En revanche, faire rentrer du texte dans le film est un truc très godardien, il y a toujours eu beaucoup de texte dans ses films. Je me suis amusé avec des cartons, des choses peintes sur les murs, des slogans…

… Qui font que lorsqu’on le voit une seconde fois, on apprécie le film d’une autre façon…

C’est ça… C’est un truc que j’aime bien, faire des films supportant un deuxième visionnage, je mets plusieurs choses dedans comme « OSS », « The Artist »… Pour « OSS », c’est assez marrant. Il y avait des gamins de 8 ans qui adoraient le film alors qu’on me disait que le film était un peu trop sophistiqué. Là, c’est un peu le même principe avec Godard. Je ne m’adresse pas du tout à ses aficionados, à ceux qui connaissent son univers. C’est un film beaucoup plus simple… Si on a été, une fois dans sa vie, amoureux, le film est alors accessible !

On apprécie, en effet, le film même si l’on ne connaît pas l’œuvre et la vie de Godard…

Je comprends… De toute façon Godard est, dans le meilleur des cas, très intimidant, et dans le pire des cas, il fait peur. Il y a un truc qui n’est pas hyper attirant… Je n’ai pas fait un film de Godard, j’ai fait un film de moi ! Un film très facile d’accès, pas du tout élitiste. Il est populaire en utilisant une figure de l’élite. Si on ne connaît rien de Godard, il y a un vrai plaisir immédiat et simple. Et ceux qui connaissent Godard reconnaîtront d’autres motifs, auront une autre lecture.

Est-ce que Jean-Luc Godard a vu le film ?

Non… Je ne crois pas… Je n’ai pas eu de nouvelles.

« Le Redoutable », ce mardi soir, à 20 h 15, à I’UGC Ciné-Cité à Ludres et au Caméo Saint-Sébastien à Nancy, en présence de Michel Hazanavicius et Louis Garrel.
 
29 août 2017 0 réactions
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Albert Dupontel – Interview

Albert Dupontel – Interview

« J’ai de bonnes angoisses »

Entretien avec Albert Dupontel qui sera ce dimanche soir à l’UGC Ciné-Cité pour présenter sa pépite « Au Revoir Là-Haut ».

Vous vous êtes attaqué à l’adaptation du Prix Goncourt « Au Revoir Là-Haut », de Pierre Lemaitre. Un auteur que vous connaissez bien et dont l’univers semble aller de pair avec le vôtre. Comment s’est donc passée cette adaptation, ce travail à quatre mains ?

Pierre et moi, on s’est vu deux fois, on ne peut donc pas dire qu’il ait été très intrusif ! Il me répétait régulièrement « c’est ton film ! ». Il n’empêche que j’ai voulu lui faire valider toutes les modifications apportées à son livre. De la fin réinventée aux autres modifications importantes, j’avais besoin de son aval. Il est le « père génial » de cette histoire, son avis m’importait.

Au casting, outre vous dans le rôle d’Albert Maillard qui veut « s’acquitter » de sa dette auprès de son compagnon d’armes, on retrouve un incroyable Laurent Lafitte, au cynisme détonnant, et un Niels Arestrup tout aussi redoutable. Aviez-vous d’entrée la distribution – complétée par Emilie Dequenne et Mélanie Thierry - en tête ?

Je souhaitais et voulais tous ces acteurs, à part moi-même ! La chance a été leur disponibilité et leur enthousiasme. Il y a une vraie cohérence entre ces acteurs et ses personnages. Je souhaitais un Vittorio Gassman jeune pour Pradelle, quelqu’un pouvant mêler humour et noirceur. Laurent a été parfait ! Pour Péricourt, Niels Arestrup était une évidence. Je le savais très proche du personnage, restait l’énigme de la scène de la terrasse… Niels s’est littéralement fissuré devant la caméra : bluffant ! Emilie, de par sa grâce et sa douceur, était idéale pour Madeleine, et Mélanie a accepté le petit-grand rôle de Pauline. C’était parfait. Nahuel Perez Biscayart a été la cerise sur le gâteau. Trouvaille extraordinaire lors d’un casting ordinaire. Sa sensibilité instinctive, sa maturité, sa rigueur, sa curiosité… Il avait tout ce que je cherchais pour Edouard. De tout ce casting idéal, il en a été la révélation. En ce qui me concerne, l’acteur pressenti depuis presque un an pour le rôle de Maillard n’a pu se joindre au casting et ce à quelques mois du tournage. Après un casting dans l’urgence et en vain, la meilleure des solutions était de « m’y coller ». Ce fut le seul bémol de cette aventure car épuisant.

On retient inévitablement la performance de Nahuel Perez Biscayart dont le personnage est finalement très proche de ce père qu’il détestait…

Si Edouard a une forme de malice sociale très paternelle en mettant au point cette arnaque, il ne partage aucune des valeurs de son père. Au contraire, puissamment et humainement intelligent, d’une sensibilité hors du commun que son génie de dessinateur exprime, il conteste ce qui anime son père : argent, pouvoir, ruses, cynisme, cupidité… D’ailleurs, le seul qui est proche intellectuellement de Marcel Péricourt est Pradelle. D’où une logique détestation mutuelle… Edouard Péricourt est le héros humaniste et contestataire de cette histoire et le personnage qui m’a le plus donné envie d’adapter ce livre.

Le travail sur les décors, les accessoires et les costumes est également incroyable. Un ensemble et une mise en scène millimétrée qui enveloppent le scénario et qui fait que l’on prend une véritable claque durant deux heures… Albert Dupontel « le perfectionniste » n’a, une nouvelle fois, rien laissé au hasard…

En fait, on s’est beaucoup amusés. Le livre de Pierre est d’une richesse formidable. Chercher à restituer cette histoire nous poussait à beaucoup de précision et à une forme d’exigence dans la reconstitution. J’étais très bien entouré notamment aux effets spéciaux via Cédric Fayolle, ou aux masques réalisés par Cécile Kretschmar, ainsi que par mon équipe habituelle, notamment Stéphane Martin au cadre et François Comparot à la machinerie - deux postes très importants dans ma façon de faire. Idem pour beaucoup d’autres membres de l’équipe. Sans eux, rien ne se fait…

« Mourir le dernier est encore plus con que de mourir le premier » ou encore « la guerre, c’est taper sur quelqu’un qui n’a rien fait »… « Au Revoir Là-Haut » reste fidèle aux formules qui font mouche. Tout comme la scène incroyable du « tribunal » dans une suite du Lutetia. Quelle a été la réaction de Pierre Lemaitre lorsqu’il a vu le film ?

Pierre a vu le film à plusieurs reprises et me parle encore, qui plus est gentiment. Je considère cela comme un indice de satisfaction et lâchement n’ai pas cherché à en savoir plus.

Pour revenir à vous, comment avez-vous appréhendé le rôle d’Albert Maillard, ce maillon faisant le lien entre les différents protagonistes ? Un personnage faussement naïf et terriblement humain !

Comme je vous l’ai dit, j’ai dû faire Maillard pour remplacer l’acteur pressenti de longue date. Peu préparé à cette éventualité, je me suis appuyé avec force sur les autres acteurs. Les écouter, les regarder pour arriver à m’oublier. Au vu de la qualité du casting, j’étais servi et Maillard s’est mis à vivre tout doucement.

Le film est notamment dédié à Alain de Greef, pourquoi ?

Alain de Greef était le directeur légendaire de Canal + lors des « années Canal ». Ancien monteur de cinéma, homme au flair infaillible, il m’a encouragé dans mon désir de cinéma. Il m’a aidé à produire mon court-métrage « Désiré » puis « Bernie » qui faisait l’objet d’une bataille féroce de contradicteurs au sein même de Canal +, et enfin lors de la sortie, il a imposé que la chaîne en parle, ce qui était bien, car ce fut le seul écho médiatique que l’on eut… Je lui dois beaucoup.

Votre film sort le 25 octobre. Et les premiers retours sont excellents. On vous sait parfois angoissé… Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

J’ai de bonnes angoisses lesquelles sont aujourd’hui tournées vers le prochain film. La sortie sera… la sortie. Moi, je me serais bien amusé. C’est déjà pas mal…

« Au Revoir Là-haut », ce dimanche, à 20 h à l’UGC Ciné-Cité, en présence d’Albert Dupontel.

 

 

27 août 2017 0 réactions
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Tarek Boudali – Interview

Tarek Boudali – Interview

« L’humour est là pour rassembler, pas pour diviser »

Entretien avec Tarek Boudali qui sera ce lundi à l’UGC Ciné-Cité de Ludres, pour présenter, en avant-première, son premier film, « Epouse-moi mon Pote ».

Tarek, vous derrière la caméra, Philippe Lacheau devant… Avec ce film on assiste au switch entre les deux potes. Est-ce que cela s’est fait naturellement et est-ce que cela a été simple ?

Globalement, chaque fois que l’on fait un film, lorsqu’il y a le mot « action », on est très carrés. C’est vrai que, souvent, les gens nous disent « vous devez vous éclater à chaque prise »... Entre les prises, oui, mais une fois que « action » résonne, on redevient des pros. Après, j’ai un défaut, à chaque fois qu’il y en a un qui bafouille, j’explose de rire ! Il a des séquences où Philippe et Julien (Arruti) bafouillent, notamment, et là, je suis irrécupérable. Il faut attendre quatre-cinq prises avant que je reprenne mon sérieux.

Pour rester sur Philippe Lacheau, on a le sentiment que, libéré des contraintes de la réalisation, il s’est totalement lâché et qu’il a pleinement profité d’être simplement acteur…

Exactement. Je lui ai dit, parce qu’on se dit les choses honnêtement, « sur tous les films que l’on a fait, tu n’as jamais aussi bien joué » ! Il n’avait pas à se concentrer sur la réalisation ou encore les problèmes techniques. Du coup, comme vous le dites, il s’est lâché. Là, sincèrement, il excelle, il me fait mourir de rire !

On retrouve aussi Julien Arruti dans des scènes irrésistibles mais qui, pourtant, auraient pu ne pas figurer dans l’histoire… Il apparaît et disparait au fil du film et à chaque fois, il fait mouche !

On ne rajoute pas de personnage juste pour faire plaisir aux copains. Si on le fait, ça va plus desservir l’histoire qu’autre chose. A la base, quand j’ai écrit le scénario, il y a avait deux personnages principaux – Philippe et moi – et après, naturellement, il y a eu ce rôle de l’aveugle. Et Julien, j’avais envie qu’il joue et même si c’est un petit rôle, je lui ai proposé et il a immédiatement accepté ! Pour moi, même si c’est un petit rôle, il fallait que ce soit un rôle marquant.

Pour revenir à l’histoire, à quel moment le thème – un mariage blanc entre deux hommes – vous est venu ? Et surtout, comment s’est passé la mise en scène avec ce sujet qui peut vite faire basculer le film dans les clichés même si l’on sait que, quelque part, les clichés font rire les gens. Ça a dû être un véritable exercice d’équilibriste pour vous…

C’est vrai… A la base, j’ai eu l’idée à l’époque où la loi du Mariage pour tous a été votée. Là, je me suis dit, je ne sais pas pourquoi, « ça donnera plus de possibilités aux gens qui n’ont pas de papiers d’en obtenir avec un mariage blanc entre deux personnes du même sexe ». Et je me suis demandé si j’étais sans papiers, est-ce que j’aurais fait ça ? Oui, je l’aurais fait… Pourquoi je ne l’aurais pas fait ? Du coup, l’idée m’est venue comme ça, en me disant, ensuite, que cela pourrait faire une comédie. Après, effectivement, s’agissant de l’exercice d’équilibriste, pour moi il était important de ne blesser personne. Je ne voulais pas blesser la communauté gay, les sans-papiers… A chaque fois que l’on fait un film, ce sont toujours des long-métrages qui sont bienveillants, qui font rire les gens et qui rassemble les gens dans une salle de cinéma pour les faire rire aux mêmes vannes. L’humour est là pour rassembler, pas pour diviser. Alors oui, effectivement, il y a quelques clichés au début parce que oui, ça peut faire rire… Mais c’est à travers deux personnages qui sont naïfs, qui ne connaissent pas du tout le « monde gay » et qui, au final, vont évoluer au sein de ce monde et avoir une autre vision de ce « milieu ».

S’agissant des personnages, on retrouve Charlotte Gabris qui est « montée en grade » depuis « Babysitting 1 » où elle campait une réceptionniste au langage coloré. Là, on découvre une autre Charlotte Gabris…

Effectivement, dans « Babysitting 1 » elle avait un petit rôle mais qui était marquant avec ses répliques fortes ! Ça fait quelques années que l’on se connaît avec Charlotte et au fil des tournages, je vois le potentiel qu’elle a. Je savais que je pouvais lui proposer et l’entraîner dans autre chose. Elle a quelque chose en elle de très touchant et très sincère. C’était vraiment important pour moi de montrer aux gens une autre palette de jeu qu’elle a en elle… C’est une très bonne comédienne, elle ira très loin. Quand elle a lu le scénario, elle a tout de suite dit oui.

On l’imagine d’ailleurs très bien dans un rôle dramatique…

Exactement… Et je pense qu’elle en fera, elle a le talent pour.

On découvre également Nadège Dabrowski, alias Andy, la youtubeuse. A quel moment avez-vous décidé que le rôle serait pour elle ?

Pour être tout à fait honnête, Andy, je ne la connaissais pas trop avant de la rencontrer pour mon film. Je cherchais une fille correspondant au rôle. Après, je ne suis pas dans ce système où l’on se dit qu’il faut forcément quelqu’un de connu et qui a de l’expérience dans le cinéma pour être dans mon film. Avec Fifi et Julien, depuis que l’on fait de la télé, on a toujours voulu faire du cinéma. Et on se disait « pourquoi on ne nous laisse pas de chance » ? Après, je peux comprendre, les gens se disent qu’ils ne sont pas assez connus et que ça va ramener moins de monde au cinéma… Et moi, je veux montrer que, connus ou pas, des comédiens peuvent parfaitement correspondre à certains rôles… Ils peuvent exceller et être révélés au grand public. Je cherchais la comédienne qui allait jouer le duo avec moi et un jour, les producteurs m’ont parlé d’Andy. Je suis allé voir ce qu’elle faisait, ses vidéos. Je l’ai trouvée très marrante, très fraîche et très jolie… On s’est rencontrés, ça a matché tout de suite. Dès les premières séances de travail, j’ai su et vu que c’était elle qui devait jouer le rôle.

Quelque part, vous avez réussi à « décloisonner » le web et le cinéma… Un bel exploit quand on sait combien il est difficile, en France, de sortir les gens des cases dans lesquelles ils sont… Et là, Andy se pose en révélation du film…

Oui, c’est vrai, le terme révélation est complètement justifié, même si elle ne s’en rend pas compte ! Je n’aime pas, en effet, ces « cloisons », j’ai envie de les briser. Je ne sais pas si je l’ai fait inconsciemment… Si on me dit que ça a marché, tant mieux. Andy, on n’a pas l’impression que c’est son premier film et comme Charlotte, elle ira très loin !

Pour conclure Tarek, d’où vient La Pompe ?

(Rires) D’où vient La Pompe ? En fait, j’étais une fois en Turquie avec un pote à moi et un proxénète l’arrête dans la rue et lui dit : « Tu veux une pute ? » Et il lui répond spontanément : « Non merci, ça va aller ! » J’ai trouvé sa réponse très drôle. Et un jour, j’ai repensé à ça, et je me suis dit pourquoi un mec ne viendrait pas me voir en boîte et me dirait « tu veux que je te suce ? » et je lui répondrais « non merci, c’est gentil, ça va aller ! » C’est parti de ça. Puis je me suis dit que ce personnage était drôle et qu’il pouvait être également touchant… On a décidé de le mettre quelque fois dans la boîte. Celui qui joue le rôle s’appelle Pascal Boisson et il fait partie de la Bande à Fifi, même c’est vrai qu’on le voit un peu moins. Une fois encore, c’est l’exemple type, on ne rajoute pas un rôle pour faire plaisir … Sinon ça ne collerait pas au scénario. Pascal est également dans « Babysitting 1 », dans « Alibi.com » et là, dans mon film…

… Où, du coup, on le voit plus !

Oui, ça c’est sûr ! (rires)

« Épouse-moi mon Pote », en avant-première à l’UGC Ciné-Cité ce lundi, à 20h15, en présence de Tarek Boudali.

 

📷 : Hassen Brahiti

27 août 2017 0 réactions
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Thierry Klifa – Interview

Thierry Klifa – Interview

« Mélanger les familles »

Entretien avec Thierry Klifa qui sera à l’UGC Ciné-Cité de Ludres, samedi, pour présenter son dernier film «Tout nous sépare ». Il sera accompagné de Nicolas Duvauchelle.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, comment êtes-vous passé du journalisme à Studio Magazine à la réalisation ?

Ma vraie volonté a toujours été d’être réalisateur, d’écrire des histoires… Je suis rentré très jeune à Studio. Ils voulaient rajeunir l’équipe. Du coup, à 22 ans, je n’avais pas la maturité nécessaire pour écrire des films et tenir un plateau, ça a été un apprentissage extraordinaire. J’ai pu passer beaucoup de temps sur les tournages, observer le travail de gens comme André Téchiné, Claude Sautet, Claude Chabrol… Et même la génération suivante comme Klapish, Salvadori… Quand j’ai fait mon court-métrage, je me suis rendu compte à quel point j’avais appris de choses sans m’en rendre compte ! Je me suis aperçu à quel point je me sentais bien sur un plateau de cinéma.

En parlant de plateau, celui de votre dernier film « Tout nous sépare » est musclé ! Entre Catherine Deneuve, Diana Kruger, Nicolas Duvauchelle, Ken Samaras alias Nekfeu… Comment dirige-t-on une telle équipe où chaque membre semble, de l’extérieur, différent ?

Et finalement pas si différents que ça dans la vie ! Ce sont des gens qui ont des choses à se dire, à se raconter. Ce qui m’a toujours intéressé, c’est de mélanger les familles, les acteurs débutants avec les « stars » reconnues. Du coup, j’ai l’impression que ça crée une alchimie intéressante. Les uns les autres vont s’apprendre des choses. Après on peut penser que Catherine Deneuve et Diane Kruger n’ont pas grand-chose à voir avec Nekfeu, c’est faux. C’est quelqu’un de très cultivé, très intelligent, qui s’intéresse à beaucoup de choses et qui lui-même était très fier de travailler avec de telles actrices. Tout le monde s’est très bien entendu. Nous sommes tous allés le voir en concert ! C’est en le voyant sur scène que l’on prend toute la dimension du personnage, de l’artiste. Pour le film, je trouvais intéressant de confronter des gens venant d’univers différents. Nekfeu a été très bien accueilli par les autres, il y avait quelque chose de très familial dans ce film. On n’était pas sur Paris, le soir on était ensemble.

Avez-vous conscience que le fait de mettre Nekfeu au générique fait que l’on vous attend au tournant ?

Oui… Après, j’ai choisi de le prendre il y a deux ans. J’aime le rap mais je ne suis pas un professionnel. Je l’ai choisi quand je l’ai vu sur la couverture des Inrocks avec Virginie Despentes. J’ai trouvé qu’il avait une gueule intéressante, que son interview était intéressante. Du coup, je suis allé voir sur internet ce qu’il faisait comme rap, ce qu’il racontait. Après, quand on fait un film, on essaie de trouver le meilleur casting pour donner envie aux gens de venir. Le premier spectateur, c’est moi. Et si moi ça m’excite, si l’affiche me donne envie, j’espère que ce sera pareil pour le public. Mais je suis conscient, oui, qu’il y a une curiosité liée à la présence de Nekfeu.

Pour revenir au film, il a été tourné dans le Sud, entre Sète et Perpignan… Évitant ainsi de tomber dans le cliché s’il avait été tourné à Marseille. Un choix qui donne une autre tonalité au film, une autre couleur… Pourquoi ce choix ?

Déjà pour ce que vous dites et ensuite j’aime beaucoup cette région, ses paysages contrastés… Et cette cité de l’île de Thau très cinégénique et inattendue qui n’empêche pas la dureté et la violence qu’il peut y avoir. Il y avait l’eau, le soleil et puis je voulais aussi cette maison, les marécages… Je voulais quelque chose qui fasse penser au bayou de Louisiane, d’assez moite… Je cherchais aussi la proximité, qu’il n’y ait pas un périph qui sépare la banlieue de la ville. La cité est à cinq minutes du chantier naval où travaille Catherine Deneuve. Je voulais vraiment que ces gens se côtoient, se croisent sans forcément se voir, en un lieu unique. J’aime que le danger soit caché, c’est d’ailleurs pour cela que les personnages sont plus ambigus qu’ils en ont l’air.

Des personnages qui, tous, à un moment ou un autre du film, ont des pulsions autodestructrices…

C’est vrai. Il y a déjà les personnages de Diane Kruger et Nicolas Duvauchelle qui ont quelque chose comme ça. Ils sont dans une relation passionnelle, fusionnelle, masochiste… Ce sont eux qui vont entrainer les autres personnages dans quelque chose qu’ils n’ont pas provoqué ! Il y a également quelque chose dans la construction. Cette mère qu’est Catherine Deneuve essaie par tous les moyens de reconstruire sa fille…

… Et Ben Torres (joué par Nekfeu), finalement !

Exactement ! Un lien inattendu va se créer entre Ben et Louise. Eux-mêmes n’attendaient rien de leur rencontre. Dans d’autres lieux, d’autres circonstances, sûrement seraient-ils devenus amis. Je ne voulais pas des personnages qui soient ou tout blanc, ou tout noir. Tout cela est beaucoup plus compliqué !

Vous évoquiez la maison de Catherine Deneuve. On remarque un détail dans la chambre… L’affiche de « La Fille qui en savait trop »… Une affiche qui prend de l’importance au fil du film finalement !

Oui, c’était un petit clin d’œil. On a hésité à la mettre et puis, finalement, je trouvais ça drôle !

Pour revenir au titre du film, « Tout nous sépare »… Tout ne les sépare pas, en fait…

Oui, c’était prendre un titre pour le détourner. Il y en effet moins de choses qui les séparent que de choses qui les rassemblent.

Pour conclure, au générique apparaît Kev Adams en producteur associé…

Tout à fait. C’était au moment où l’on finançait le film et comme il manque toujours de l’argent sur les films, on a proposé à Elisa Soussan et Kev Adams, qui sont associés, d’y participer. Ils ont tout de suite dit oui, avec beaucoup d’enthousiasme, de gentillesse et de curiosité. Ils ont été des partenaires formidables qui m’ont laissé faire le film que j’avais envie de faire. Un film est assez loin de ce qu’ils ont l’habitude de produire mais en même temps, c’est un cinéma qu’ils aiment, qu’ils ont envie de défendre. Kev Adams a l’envie et la curiosité de ce cinéma-là. On enferme les gens dans des cases mais les choses circulent beaucoup plus vite que ça dans le cinéma.

« Tout nous sépare », samedi à 19h, en avant-première à l’UGC Ciné-Cité en présence de Thiery Klifa et Nicolas Duvauchelle.

23 août 2017 0 réactions
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Audrey Dana – Interview

Audrey Dana – Interview

« J’ai juste été assez folle pour en faire un film ! »

On a dû vous la poser mille fois, comment cette idée vous est venue ?

Elle est venue dans la tête de beaucoup de femmes je pense… J’ai juste été assez folle pour en faire un film ! J’ai très vite compris que c’était un boulevard de comédie et me demande encore aujourd’hui pourquoi personne n’a osé le faire avant.

À la différence de « Ce que pensent les femmes », avec Mel Gibson, ce « changement » vire, au début, au cauchemar…

Aussi vrai que nous sommes beaucoup de femmes à avoir imaginé ce que ça pouvait faire d’en avoir une, pas Jeanne !!! Forcément, ça ne va pas être simple ! Et puis imaginez que ça vous arrive, que vous soyez la seule sur toute la terre… !

Avant, finalement, dans un second temps, de livrer ses avantages, comme si un second film débutait…

Jeanne a été élevée en se disant qu’il fallait en avoir une pour s’imposer… Du coup, elle va enfin « s’autoriser » ! C’est une question d’état d’esprit. Ce film est une ode au courage, a la confiance en soi… C’est aussi une invitation à réconcilier le masculin-féminin avec le sexe opposé ou à l’intérieur de nous !

Le rôle d’Alice Belaïdi semble avoir été taillé sur-mesure pour elle…

Et pour cause, je l’ai écrit pour elle. Après sous les jupes des filles nous avions très envie de « jouer » ensemble. Car sur le plateau nous n’avions eu aucune scène ensemble. Et puis dans mon premier film, elle fait un rôle de composition. Là j’avais envie de la voir dans sa nature… Bien sûr Alice n’est pas Marcelle !!! Mais elle a l’énergie parfaite pour la jouer.

Finalement, n’est-ce pas elle la plus « bonhomme » des deux ?

Bien sûr que si ! Marcelle est l’antagonisme de Jeanne. Si cette histoire lui était arrivée à elle, ça n’aurait pas du tout été le même film ! Et puis surtout, elle nous rappelle sans cesse, qu’il n’y a pas besoin d’en avoir une justement… Mais Marcelle est un peu extrémiste de sa cause et va elle aussi évoluer pendant le film.

Christian Clavier en gynécologue, avez-vous pensé à lui immédiatement ?

Pour le coup, j’ai d’abord écrit un rôle puis j’ai pensé à Christian Clavier… Et ensuite j’ai réécrit pour lui… Je peux vous dire que, face à lui, la première fois que je lui ai apporté mon scénario, je ne faisais pas la maline… J’étais très impressionnée. Et puis il a dit oui – c’était Noël pour moi – et ça a été un régal total de tourner avec lui, on s’est beaucoup amusé ensemble. Il est tellement parfait dans le film, si drôle.

Dans ce genre de comédie, sur ce thème, on se demande comment le réalisateur va se sortir de cette situation, pour un retour à la normale… L’avez-vous trouvé dès le départ ou le final a-t-il mûri au fur et à mesure ?

J’avais déjà la fin… Quand on commence à écrire un film, on ne sait pas encore quelle forme il va prendre, mais on doit savoir où on va ! C’est essentiel ! En tout cas, on s’est bien amusé en la tournant cette fin !!!

14 mai 2017 0 réactions
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Kev Adams & Romain Levy – Interview

Kev Adams & Romain Levy – Interview

Romain, comment est venue l’idée de confier le premier rôle à Kev Adams ? On a l’impression qu’il a été écrit pour lui.

En termes de construction, le film a fait un trajet assez inhabituel. L’histoire a d’abord été écrite pour des personnages plus jeunes. Le personnage de Kev, tel qu’il était écrit, qui a entre temps gagné en maturité, qui devient malgré lui un héros, ça c’était déjà très présent dans les premières versions. Les stars ne sont pas des stars pour rien. Elles arrivent à incarner un trac fort dans lequel on arrive à s’identifier. Quand on castait des comédiens n’ayant pas de grande notoriété, ils ne portaient pas ça. Et alors que je ne trouvais pas de comédiens pour porter le projet, je suis un jour tomber sur son spectacle, « Voilà, Voilà », en live sur M6. Il y a un moment où Kev parle de la séparation de ses parents avec beaucoup d’impudeur. Les humoristes qui remplissent des Palais des Sports sont encore plus efficaces dans les sketchs intimes. Je me suis dit que c’était l’ADN, le point de départ du film. Pour moi, les péripéties, les cascades… Tout ça c’est sympa mais ça ne résonne pour le spectateur que si on arrive à cristalliser avec lui un lien intime. Moi, je m’identifie à Ruben… Et quand j’ai vu Kev sur scène, j’ai senti que l’on avait un lien. J’ai suivi mon cœur, mon instinct… Je refais un film avec lui quand il veut !

Kev, quelle a été votre réaction lorsque Romain vous proposé le premier rôle du film ?

J’étais vraiment très heureux. J’aime beaucoup l’univers de ce mec. Il a un univers à la fois très moderne et qui rend hommage aux grands films et au cinéma. C’est un grand fan du cinéma des années 80. Ça m’a permis de découvrir et une nouvelle époque de cinéma et de ce métier que j’aime beaucoup et en même temps il a ce côté très moderne, très new-wave. J’étais ravi quand il m’a proposé de travailler avec lui. Je me suis dit que c’était pour moi l’occasion de rester dans la comédie tout en découvrant un univers un peu plus adulte, un peu plus politiquement incorrect que ce que j’ai l’habitude de faire.

Le tournage s’est visiblement bien passé !

Romain Levy : C’est un comédien avec une formidable écoute. C’est une éponge. Tout s’est bien passé, avec Kev comme avec les autres comédiens. Avec mon coscénariste, on se joue les dialogues. Du coup, ce n’est pas que le film a été écrit pour les comédiens. On les a castés avec beaucoup d’exigence. Côme est venu au moins entre vingt et quarante fois avant que je lui dise que c’était lui.

Kev Adams : Oui, c’était génial. On s’est beaucoup amusé. Il y avait une vraie osmose. Et Romain, il a ce truc de moniteur de colo. Il sait tenir une équipe, un groupe, on a envie de le suivre, de lui faire plaisir. C’est une grande qualité chez un metteur en scène. J’en garde un souvenir très fort ! Il aime chaque métier du cinéma, ça me touche beaucoup… On a très envie de retravailler ensemble, je serai ravi.

Kev, comment s’est passé l’entente avec Manon Azem et Côme Levin ?

Je les connaissais très peu avant la mayonnaise a très vite pris. Ils sont très talentueux, ils ont le sens de la comédie. Ça va vite, ils ont un bon rythme. C’est très plaisant dans une comédie quand tes camarades de jeu sont de bons reflets. Ça m’a éclaté de travailler avec eux. Ils sont vraiment amis dans la vie, ça s’est ressenti.

Romain, comment avez-vous convaincu Manu Payet et Patrick Timsit à venir jouer que quelques scènes ?

C’est comme les vraies histoires d’amour. Je n’ai jamais négocié pour séduire. J’ai été moi-même et elles viennent… Ou pas. J’avais mon scénario, ma passion. C’est vrai qu’en France, quand on parle avec les agents, si on leur dit qu’il n’y aura que trois jours de tournage, on nous répond « non, il ne le fera pas ». Je ne crois pas au système ayant construit le cinéma français. Je pense qu’il n’y a pas de système, que ça ne sert à rien de dire que l’on fait un film d’auteur ou un film populaire. Mon film a été écrit avec une énergie populaire mais aussi le maximum de sincérité que je pouvais transmettre. Je me suis fait mon film populaire, pour moi et pour le public que j’imagine, je ne fais pas de concession, je n’ai que ma conviction. Du coup, les comédiens viennent !

Avec le recul, le film est-il fidèle à ce que vous aviez imaginé ?

Romain Levy : Oui ! ça n’a pas toujours été le cas durant les stades de fabrication, parce qu’il a fallu longtemps pour que les effets spéciaux soit à la hauteur, que le film trouve son rythme au montage… Je n’avais jamais fait de film d’aventure. Ce n’est pas un « Radiostars » bis, même s’il y a un cousinage dans l’humour. Du coup, je partais avec beaucoup d’incertitudes. Je l’ai fait comme si c’était mon premier et là, je le livre parce qu’il est conforme à mes attentes. Si les gens ne l’aiment pas, ce ne sera pas trop grave parce que j’ai fait de mon mieux. Je me suis mon programme à moi que je souffrais de ne pas voir au cinéma en France.

Kev Adams : Je dirai que oui. C’est toujours frustrant lorsque l’on voit un film. On a toujours l’impression qu’il y a eu plus de scènes drôles, plus de moments dingues. On a vécu plus de deux mois ensemble, je trouve le film très drôle, très réussi. Il y a tout ce moi, personnellement, j’ai envie d’aller voir au cinéma en ce moment. Il y a de la légèreté, de l’action, de la grosse comédie, une histoire fraîche respectant les codes de plein d’histoires qu’on adore au cinéma… Vraiement, ça me parle beaucoup.

📷 : Marie Genin

14 mai 2017 0 réactions
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Gérard Jugnot – Interview

Gérard Jugnot – Interview

On a dû vous le demander des centaines de fois… Comment vous est venue l’idée de traiter, dans un film, le don d’organe et la quête de ce père cherchant à renouer avec son fils disparu ?

Ben je ne sais pas bien. C’est vrai que l’on me pose souvent cette question. Je prends toujours des sujets qui m’inquiètent, qui m’interpellent, qui m’interrogent. J’essaie de les traiter en me plongeant dedans également comme acteur pour essayer de comprendre, d’arranger la vie… Peut-être pour éloigner mes peurs et mes inquiétudes. C’est un peu le principe de « Intouchables » ! J’ai toujours pris des sujets un peu difficiles comme la rafle en 1942 dans « Monsieur Batignole » ou la guerre en Bosnie dans « Casque Bleu ». On part de quelque chose de très noir, de dramatique, et on va vers la lumière et l’espoir. Là, je ne voulais pas traiter vraiment ce sujet, je m’en suis servi comme point de départ pour traiter l’histoire d’une renaissance, d’un retour à la vie et non d’un deuil.

C’est effectivement une comédie passant de moments légers à des instants forts en émotions… On le retrouve souvent dans vos films…

Oui, j’aime bien ça. C’est ma petite musique à moi… Je trouve que dans la vie, le rire donne de la légèreté au drame et le drame donne du poids au rire. C’est vrai que je m’aperçois que dans les salles, grâce aussi à François Deblock qui est fabuleux, que les gens oscillent les deux notions de rire et de bouleversement. Ils rient beaucoup plus que je ne pensais et ressortent extrêmement légers. Je prends la comédie pour me soigner de mes inquiétudes, pour rendre la vie plus belle, plus légère. C’est vraiment mon caractère… D’où le choix du titre qui est celui d’une chanson de Mickey 3D. Quand on a eu un pépin, quand on y pense, on se dit c’est beau la vie ! C’est ma façon de faire des comédies même si j’aime, de temps en temps, aller chez les autres faire des comédies débridées !

Vous évoquez François Deblock, dans le film, on a le sentiment que, finalement, c’est Hugo qui prend la vie de Loïc en main…

C’est ça qui m’intéressait… Montrer ces deux personnages en panne. Il y en a un qui n’a pas vécu parce qu’il avait peur de ne pas se réveiller et une autre qui s’est arrêté de vivre, qui est comme sa voiture, dormant dans son garage. Loïc essaie de vivre ce qu’il n’a pas vécu avec son vrai fils et lui va peut-être trouver un père, le secouer et le remettre « on the road again », au volant de sa voiture, de sa vie… Là, c’est une sorte d’adoption mutuelle. J’ai un fils de 35 ans qui, de temps en temps, pourrait être mon père dans les conseils qui peut me donner dans l’ouverture d’esprit que je n’ai plus !

Comment s’est porté le choix sur François Deblock, l’une des révélations du film ?

Je l’ai auditionné, je ne le connaissais pas. C’est un garçon qui fait beaucoup de théâtre. C’est une belle révélation ! Il joue un rôle très compliqué, c’est lui qui tient le crachoir, qui mène la danse. Il est à la fois irritant, insupportable, incontrôlable avant de devenir mature, attachant, charmant et très émouvant. C’est une très belle rencontre et j’espère qu’il fera une belle carrière… A un moment, j’avais même envie d’appeler le film « Meilleur espoir masculin » ! C’est aussi un film sur la transmission.

En parlant de transmission, il y a un clin d’œil à votre fils, Arthur jouant les cyclistes volants…

Quand je me suis attaché à ce sujet, j’ai attendu que mon fils n’ait plus l’âge du rôle par superstition. Surtout je voulais qu’il soit dedans pour montrer que ce n’était pas un fils autobiographique. C’était un petit signal en mettant ces deux gags assez extérieurs au propos et dire ainsi « j’aime la comédie, je vais vous faire une comédie  même s’il y a de l’émotion ! »

Une comédie tournée en décor naturelle !

Oui, quasiment tout. On a tourné entre le Var et la Bretagne pour opposer ces deux régions. La Méditerranée, calme… Faussement calme avec le soleil, le Mistral… Et de l’autre côté l’océan, les marées et les fondamentaux bretons dont on peut s’amuser un petit peu.

On évoquait les clins d’œil… On vous retrouve une nouvelle fois au volant d’un Range ! Une passion particulière ?

C’est vrai que j’en ai eu plusieurs à une époque (rires) J’ai même fait un film entièrement dans Range, c’était « Voyage à Rome ». C’est une voiture assez agréable, on peut filmer à l’intérieur et surtout, il fallait qu’elle soit en cohérence avec le personnage et en opposition avec la voiture de Oui-Oui, cette mythique R8 Gordini, qui est à la fois magnifique et drôle !

📷 : Arnaud Borrel

14 mai 2017 0 réactions
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Doria Tillier & Nicolas Bedos – Interview

Doria Tillier & Nicolas Bedos – Interview

« Doria est la révélation du film »

Doria Tillier et Nicolas Bedos étaient présents à l’UGC Ciné-Cité de Ludres pour présenter « Monsieur et Madame Adelman ». Entretien avec un couple fusionnel.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de raconter l’histoire d’une odyssée de 45 ans de ce couple passionné ? Un amour à la fois fusionnel, parfois douloureux et destructeur…

Nicolas : C’est un sujet inépuisable et passionnant. Par chance, il est universel. Il nous permettait de nous projeter dans le futur, de réaliser des fantasmes, mais aussi d’exorciser certaines angoisses ! Ce film, c’est la version comique de nos pires cauchemars !

Doria : Tout est parti d’improvisations que nous faisions tous les deux, dans la vie, pour nous faire peur et nous faire rire. Nous avions constitué toute une galerie de personnages, de la vieille dame qui se venge de son mari infidèle aux parents monstrueux. Ces délires comiques me sont apparus comme la promesse d’un film.

Tout au long du film, on ne peut s’empêcher de se dire qu’une part de vécu transparaît…

Nicolas : Une part de vécu très revisitée ! C’est vrai qu’on s’est amusés à distiller des choses vraies dans beaucoup de fiction, un peu à la manière des romanciers américains qu’affectionne le personnage de Victor dans le film. Ces romanciers américains qui piochent dans leur vécu pour fabriquer de grandes histoires. On a également beaucoup observé nos proches, nos parents…

Doria : Je crois qu’on met toujours une part de vécu dans ce qu’on fait. Ce qui est excitant, c’est de ne pas dire laquelle. Mais dans les grandes lignes, il est vrai que le personnage de Victor a en commun avec Nicolas une forme d’outrance, et je partage avec Sarah une détermination dans certaines choses.

D’entrée, on constate qu’un énorme travail d’écriture a été fait… Comme lors de la scène incroyable du repas de Noël… Comment avez-vous travaillé pour, justement, écrire ce scénario à deux ?

Nicolas : L’écriture a été un jeu de ping-pong. Comme l’a dit Doria, Cela fait des années qu’on improvise des situations comiques Donc, sans le savoir, on bosse depuis quatre ans ! Ensuite, j’ai eu besoin de m’isoler pour reprendre les dialogues, les voix off, car c’est un travail musical qui exige la solitude.

Doria : c’est vrai que le fait d’écrire le film en le jouant, à voix haute, a dû contribuer au naturel des scènes et des répliques.

C’est également un bel hommage à ces personnes de l’ombre, œuvrant derrière ceux qui sont sous les projecteurs…

Nicolas : Oui, le film nous est raconté par Sarah, c’est le regard de la femme, celle qui supporte l’autre. Le film a failli s’appeler « La Femme de ». J’ai lu beaucoup de biographies de grands hommes et Sarah est un mélange de plein de « muses ». Ce qu’elles vivent ne relève pas toujours de l’emploi fictif ! (rires)

… Pour finalement s’apercevoir que ce sont elles qui ont le pouvoir !

Nicolas : Victor, le personnage que j’interprète, ne serait rien sans Sarah. Il puise dans son amour, son univers et son intelligence. C’est elle qui le révèle à lui-même. Ce n’est pas un hasard si c’est le thème de mon premier film car le peu que j’ai fait, je le dois aux femmes, qui m’ont empêché de sombrer. Ce film n’aurait pas existé si Doria n’existait pas.

Les personnages évoluent donc au fil des ans… Un énorme travail sur les costumes, le « maquillage » et les décors a été fait…

Nicolas : Contrairement aux apparences, le film dispose d’un budget très modeste par rapport à son ambition. Il a donc fallu toute l’implication et le talent des chefs de postes pour permettre aux spectateurs de croire aux différentes époques.

Doria : Certains jours j’avais jusqu’à 7 heures de maquillage avec 3 minutes de pause pipi. C’était dur mais on était grisé par la qualité du résultat.

Et la fin vous l’aviez imaginée dès le départ ?

Nicolas : Honnêtement, non. L’idée nous est venue après avoir fini la première version du script. On en a débattu avec Doria, on s’est longuement interrogés sur sa pertinence. Aujourd’hui, la question ne se pose plus !

Qu’est-ce que cela fait de voir sa compagne et son compagnon vieilli de plusieurs décennies ?

Nicolas : Doria est une vraie actrice de composition, elle est capable de devenir quelqu’un d’autre, de penser et de s’exprimer à travers ses personnages. À tel point que j’avais vraiment l’impression de parler avec une inconnue. J’étais au bord du vouvoiement ! Ce n’est qu’après le démaquillage que je la retrouvais.

Doria : Je trouvais ça plutôt amusant. Ce qui était fou, c’était quand je retrouvais Nicolas démaquillé. Je le trouvais si jeune et beau tout à coup !

Une personnalité politique fait deux apparitions… Comment l’avez-vous convaincue ?

Nicolas : Je savais que Jack Lang avait voulu être comédien dans sa jeunesse. Pour l’avoir croisé sur des plateau télé, je le savais aussi capable d’autodérision. Il m’a fait confiance sans même lire le scénario.

Doria : je l’avais croisé quelques fois au Grand Journal et je sentais que c’est un homme qui a envie de s’amuser, c’est le genre à dire « oui ».

Nicolas, on vous découvre également compositeur…

Mes proches savent l’importance du piano dans ma vie. Au départ, Doria et moi pensions à une BO entièrement constituée de chansons liées à chaque époque. C’est au montage que je me suis aperçu que certains passages appelaient de la musique originale, afin de porter l’ensemble. Faute d’argent, je m’y suis collé moi-même avec Philippe Kelly, mon co-compositeur.

Au premier abord, Nicolas, on se dit que c’était un magnifique cadeau que vous faisiez à Doria… Avant de se dire que ce cadeau était réciproque tant l’émotion est forte à chaque face à face…

Nicolas : Doria est la révélation du film. En plus de son talent d’actrice, son point de vue artistique a nourri chaque étape de la fabrication. C’est donc un cadeau largement réciproque, en effet !

Doria : Ce qui ne m’empêche pas de remercier Nicolas d’avoir cru en moi car c’était un pari un peu fou que de donner un premier rôle à une fille qui n’avait jamais fait de cinéma.

Pour conclure, après « Monsieur et Madame Adelman », l’un comme l’autre allez prendre une nouvelle dimension… Le ressentez-vous ?

Nicolas : Je ne sais pas. Je n’ai aucun recul sur l’image que les gens ont de moi. Je sais juste qu’elle est parfois très négative !

Doria : Je voulais être actrice depuis longtemps. J’ai passé 4 ans dans les cours de théâtre. Mais c’est avec ce film que j’ai découvert à quel point ce métier me passionne. Oui, pour moi ça a tout changé car avant, jouer la comédie était une envie, aujourd’hui je crois que c’est une passion.

📷 : Christophe Brachet

13 mai 2017 0 réactions
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Dominique Farrugia – Interview

Dominique Farrugia – Interview

« C’est vrai que j’ai la trouille »

La question que l’on a dû vous poser mille fois, comment vous est venue l’idée de faire un film sur un couple divorcé vivant sous le même toit ?

Ça part d’un article paru dans Libération qu’un collaborateur m’a fait lire il y a cinq ans environ et on s’est dit que ça pouvait être une bonne comédie. Je l’ai fait un peu dormir puis je suis reparti dessus.

Un film dans lequel vous mettez en scène la fête de divorce. Où avez-vous été chercher cette idée ?

C’est très à la mode en ce moment. Des français adorent fêter leur divorce ! Et la mariée qui tient la tête du marié, on l’a trouvé sur internet. Ça nous arrive des Etats-Unis… Comme d’habitude, toutes les bonnes idées viennent des Etats-Unis ! Moi, je trouve ça terrible de fêter son divorce, ça existe vraiment, on l’a pas inventé.

On s’aperçoit également que les enfants sont oubliés par leurs parents et trinquent en silence…

C’est le souvent le quotidien d’enfants qui sont au milieu de parents qui ont divorcé et qui continuent à se crier dessus. Les enfants sont alors une balle de ping-pong entre les parents. Là, ils sont, à fortiori, au centre de l’action puisque tout se passe dans la même maison. Ils sont oubliés et les parents s’aperçoivent que s’en est trop lorsque les enfants décident de quitter la maison jusqu’à ce que tout soit réglé.

Finalement, les enfants ne sont-ils pas plus matures que leurs parents ?

Si, c’est volontaire… C’est la jeune fille de 13 ans qui leur dit « Devenez adulte, merde ! »

Vous abordez également le harcèlement scolaire, dont est victime le garçon du couple. On se dit d’ailleurs que l’on a évité le pire. Est-ce un thème que vous vouliez aborder ?

Avec Laurent Turner, le co-auteur du film, on avait effectivement envie de parler de harcèlement. Cela faisait partie d’une scène qu’on avait envie de traiter. Ensuite, ce qui est intéressant dans le film, c’est là le début du réveil des parents s’apercevant qu’ils ne s’occupent plus de leurs enfants. Le harcèlement peut malheureusement arriver à tous les enfants, même si l’on s’occupe beaucoup d’eux.

Des gamins qui, parallèlement à toutes ces aventures, ne profitent pas des « bons côtés » du divorce…

C’est les parents qui les en privent ! C’est ce que la petite dit en expliquant qu’elle a une copine qui a doublé son argent en ayant 11 de moyenne ! Mais là, c’est l’histoire du film, tout le monde est sous le même toit, tout le monde est logé à la même enseigne.

Comment avez-vous bâti votre casting avec notamment Louise Bourgoin et Gilles Lellouche ?

J’avais envie de travailler avec Gilles depuis longtemps, on s’était loupé sur un film. On s’est retrouvé là, on était content. Et Louise est arrivée très vite comme une évidence. J’avais peur qu’elle dise non parce qu’elle n’avait pas fait de comédie depuis longtemps. Elle a eu la gentillesse d’accepter très facilement… Et moi, je me retrouve avec ce très joli casting.

Un casting où les « seconds rôles », avec Marilou Berry et Manu Payet, entre autres, qui complètent cette belle palette… Ont-ils été faciles à convaincre ?

Oui, ils avaient envie… Très honnêtement, je ne leur ai pas mis un révolver dans le dos pour qu’ils viennent. Ils sont venus d’eux-mêmes parce qu’ils avaient envie de jouer ces rôles-là et de faire partie de cette aventure.

Avez-vous des acteurs avec lesquels vous aimeriez travailler ?

Plein ! Bien entendu. J’aimerais travailler avec Vincent Cassel, Jean Dujardin… Avec Omar Sy parce qu’on se connait des années et que l’on n’a jamais réussi à trouver quelque chose pour tous les deux… Je vous cite ceux-là mais il y en a plein d’autres !

Avec votre expérience, a-t-on encore le trac avant la sortie d’un film ?

Bien sûr ! C’est plus de deux ans de travail. On va à Gérardmer, puis à Nancy et Ludres, on revient de Lille, on sera à Genève vendredi et au Mans lundi… On fait tout pour aller à la rencontre du public et présenter le film. C’est vrai que j’ai la trouille et j’aurai la trouille jusqu’au mercredi soir de la sortie.

C’est une bonne trouille…

Il n’y a pas de bonne trouille pour moi !

13 mai 2017 0 réactions
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